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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
enfants. Par le type, la langue, le costume, ils ne diffèrent pas des<br />
autres Chinois de l’Asie centrale. Ceux qui habitent la ville ont la<br />
figure flétrie, abjecte ; ceux des campagnes sont moins laids, mais<br />
tous sont sujets à différentes maladies de peau.<br />
La ville ressemble à toutes les villes chinoises ; elle est entourée<br />
d’un mur en terre ; les rues sont étroites et malpropres. Le<br />
commerce, peu étendu, se borne aux choses de première nécessité.<br />
Malgré les instances de l’autorité locale, nous avons installé notre<br />
camp à 6 kilomètres de la ville, au milieu d’une prairie où nos<br />
chameaux trouvaient largement à paître ; bien nous en prit, car<br />
nulle part nous n’avons rencontré une populace plus insolente et<br />
plus grossière. Lorsque notre interprète se rendait dans la ville avec<br />
un ou deux cosaques pour faire les acquisitions indispensables, la<br />
foule se jetait au-devant d’eux avec des éclats de rire, des huées et<br />
les épithètes les plus malsonnantes. Si les cosaques, impatientés,<br />
distribuaient quelques vigoureux coups de poing, les éclats de rire<br />
et les injures redoublaient ; ils étaient obligés de se quereller avec<br />
tous les marchands, plus voleurs les uns que les autres. Il nous<br />
fallut huit jours pour faire nos achats, et, sans l’intervention de<br />
l’officier de notre escorte, nous n’en serions jamais venus à bout.<br />
Contrairement à ce qui s’était passé à Khami, les autorités de<br />
Sa-tchéou nous reçurent très froidement ; on refusa de nous<br />
donner un seul guide, sous prétexte que personne ne connaissait<br />
les chemins à travers la montagne.<br />
En même temps on cherchait à nous intimider par cent contes sur<br />
les brigands qui infestaient la route, sur les froids affreux, sur le<br />
manque d’eau et d’herbe, etc. Avec beaucoup de calme je répondais<br />
que, si je ne trouvais pas de guide, je saurais m’en passer ; sur quoi<br />
on me demanda huit jours pour réfléchir, mais sans doute pour<br />
demander des ordres à Sou-tchéou, où se trouvait momentanément<br />
le tso-tsoun-tan, ou commandant en chef de l’armée.<br />
Mon intention était de me rendre dans les montagnes de Nan-<br />
Chan et d’y passer un mois ou un mois et demi ; ce temps me<br />
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