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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
très variables et les ouragans rares : il y avait des jours d’un calme<br />
absolu. A partir du 20 septembre les ouragans se déchaînaient<br />
presque tous les jours, venant de l’ouest ou du nord-ouest. Dans<br />
l’Ala-chan, ces vents violents font toujours tourbillonner des nuages<br />
de sable et de poussière : mais ici, où le sol est couvert de cailloux<br />
ou d’herbe, même pendant l’orage le ciel reste serein. Après avoir<br />
dépassé la route postale de Kalgan à Ouliassoutaï, nous étions entrés<br />
dans la région des steppes ; au lieu des plaines arides, nous<br />
rencontrions des monticules pierreux et des chaînes de collines. Plus<br />
loin au nord se profilaient les contours de montagnes peu élevées<br />
formées par les derniers rameaux sud-ouest du Kenteï. Le long de<br />
notre route l’altitude ne dépassait pas 1.560 mètres et ne descendait<br />
pas au-dessous de 1250 ; c’est à ce dernier niveau qu’est située la<br />
ville d’Ourga. Au fur et à mesure que nous avancions, les pâturages<br />
devenaient plus abondants et les troupeaux plus nombreux. Les<br />
Mongols de la tribu des Khalkhas avaient l’air beaucoup plus fiers<br />
que leurs congénères du Gobi central, et nous voyions en grande<br />
quantité des dzeyrans et des terriers de marmottes et de lagomys.<br />
Les oiseaux de passage étaient déjà partis ; nous ne rencontrions<br />
plus que des alouettes et des fauvettes de haies. Il n’y a aucune<br />
rivière, mais les sources sont fréquentes ; les puits ne sont pas rares<br />
et l’eau en est potable. Nous mîmes douze jours pour traverser cette<br />
région avant d’arriver à Ourga ; il n’y avait pas de route carrossable,<br />
mais un grand nombre de sentiers sillonnaient la steppe.<br />
A une centaine de verstes d’Ourga nous reprîmes la route que<br />
nous avions abandonnée près de l’Ala-chan et qui est fréquentée<br />
par les pèlerins se rendant du Khalkhas au Thibet. Ce chemin est<br />
tortueux ; nous y rencontrâmes de petites caravanes de Mongols<br />
allant à Ourga pour rendre hommage au Koutoukhtou. Ces gens<br />
mènent avec eux du bétail, qu’ils vendent dans la ville et dont ils<br />
abandonnent une partie du produit au profit du temple.<br />
Après Ganghy-Daban notre campement fut établi près du<br />
Bougouk-gol, première rivière que nous rencontrions depuis le Nan-<br />
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