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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
Nous nous dirigeâmes ensuite au sud-est en longeant des<br />
montagnes qui s’élevaient à notre gauche comme un mur<br />
gigantesque. A notre droite s’étendait une rangée de collines<br />
irrégulières, qui se transformèrent en véritables montagnes vers le<br />
lac salé Ikhé-Tsaïdam.<br />
L’Ikhé-Tsaïdam-nor est situé à une altitude de 3.240 mètres : il<br />
a environ 35 verstes de circonférence. Ses rives sont bordées d’une<br />
zone de 2 verstes de largeur de marécages salins où l’on trouve<br />
d’excellent sel blanc. Là aussi jaillissent des sources d’eau douce<br />
entourées de pâturages abondants. L’eau du lac est extrêmement<br />
salée, et près des bords, sa profondeur ne dépasse pas 1 pied. Le<br />
fond est formé par une couche de sel de plusieurs pouces<br />
d’épaisseur ; cette richesse n’est pas exploitée.<br />
A partir du lac Tsaïdamin, notre route, orientée au sud-est,<br />
tourna tout à fait à l’est, et même quelquefois au nord-est. Ainsi<br />
nous nous écartions de plus en plus du chemin du Thibet ; c’était<br />
un détour forcé pour arriver au campement du prince Kourlyk-<br />
béissé.<br />
Nous y parvînmes le 25 août. La résidence est située sur la rive<br />
orientale du grand lac Kourlyk. Nous nous arrêtâmes sur la rive<br />
occidentale, près de l’embouchure du Balghyn-gol, où nous vîmes,<br />
comme grande rareté chez les Mongols, des champs cultivés. A la<br />
vérité ces champs n’occupent que quelques hectares et<br />
appartiennent presque en totalité au prince. Le mode de culture y<br />
est déplorable : on ne se donne même pas la peine d’arracher les<br />
mauvaises herbes. Dans l’espace laissé libre entre les buissons, le<br />
sol est tant soit peu labouré et l’on y sème de l’orge et du froment.<br />
Quelques petits canaux dérivés du Balghyn-gol servent à<br />
l’irrigation, et les récoltes sont assez abondantes.<br />
Lors de notre arrivée on était en pleine moisson ; le p.036 blé, de<br />
la hauteur d’un homme, est coupé avec des faucilles sans dents, et<br />
on le bat immédiatement sur des aires faites d’argile. Pour le<br />
soustraire au pillage de Oronghyns, on creuse des trous, que l’on<br />
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