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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
plusieurs espèces, et la plus connue dans le Tsaïdam est le Tamarix<br />
Pallasii. De même que le kharmyk, il pousse de préférence dans les<br />
terrains argileux, mais moins humides et moins salés. Il a la forme<br />
d’un élégant arbrisseau, atteignant 20 pieds de hauteur et ayant<br />
plus de 1 pied de circonférence à la base. Ses branches, d’un vert<br />
clair, se couvrent en juin de vergettes roses qui se groupent<br />
principalement vers la cime de l’arbre. Cet arbuste donne un<br />
excellent combustible, et les chameaux se nourrissent volontiers de<br />
ses branches. Il pousse en plantations peu touffues, mais, dans les<br />
localités qui lui sont les plus favorables, comme le bassin supérieur<br />
du fleuve Jaune, il forme de véritables fourrés.<br />
Le lendemain de notre arrivée sur les bords du Balghyn-gol,<br />
nous vîmes venir à nous le béissé (prince du cinquième rang). A<br />
une vente de notre campement il s’était fait dresser une tente, où il<br />
revêtit ses habits de gala, une robe rouge ; puis il s’avança suivi<br />
d’une dizaine de personnes. C’était un homme d’une trentaine<br />
d’années, d’assez bonne mine, mais sale et barbouillé ainsi que<br />
toute sa suite. Il portait une masse de grelots et avait à tous les<br />
doigts des anneaux d’argent qui en faisaient encore ressortir la<br />
malpropreté. Après les salutations d’usage, nous abordâmes la<br />
question qui nous intéressait le plus, les guides, les chameaux, les<br />
moutons, etc. : à tout il répondit par un refus formel.<br />
Le lendemain je me rendis chez lui pour reprendre les pourparlers.<br />
Le prince vint à ma rencontre et m’introduisit dans sa demeure ;<br />
c’était une iourte sale et enfumée, à l’entrée de laquelle il y avait un<br />
tapis rouge sur lequel nous nous assîmes côte à côte. On nous servit<br />
du thé, de la dzamba et du beurre contenu dans des boyaux de<br />
mouton. Le prince en prit avec ses doigts crottés, il en mit dans sa<br />
tasse et dans celles de ses proches ; j’eus hâte de me soustraire à cet<br />
honneur. Il ne se montra pas plus accommodant que la veille,<br />
donnant un tas de prétextes aussi mensongers et aussi maladroits les<br />
uns que les autres. Je le quittai alors, p.037 le menaçant de me<br />
plaindre à Pékin et de prendre par force ce dont nous avions besoin.<br />
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