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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
profondément encaissé qu’il était impossible d’en suivre les bords.<br />
Le passage ne s’élève qu’à 300 mètres au-dessus de la vallée et,<br />
pour le franchir, nous mîmes plus de dix heures ; encore nos<br />
chameaux ne purent-ils parvenir jusqu’au sommet ; il nous fallut<br />
les décharger, monter les caisses sur nos épaules, puis hisser avec<br />
des cordages les plus faibles d’entre eux. Malgré tous nos efforts il<br />
y en eut un qui ne put aller plus loin ; nous dûmes l’abandonner<br />
aux Mongols. La descente, quoique aussi escarpée, était moins<br />
rocailleuse. Comme d’ordinaire, au point culminant du défilé se<br />
trouvait un obo en pierres.<br />
A 4 verstes de là nous rencontrâmes la rivière Chouga, affluent<br />
du Naïdjin-gol ; elle n’avait pas plus d’une quinzaine de mètres de<br />
largeur et était complètement prise. Elle coule au fond d’une<br />
tranchée qui mesure de 100 à 150 mètres d’ouverture, et dont les<br />
parois ont en moyenne 30 mètres de hauteur. La descente dans ce<br />
ravin est très difficile et il est plus difficile encore de remonter ;<br />
mais au bord de la rivière se trouve un sentier taillé, dit-on, par un<br />
lama qui en avait fait le vœu. Ce sentier côtoyait la rive droite ; il<br />
était très commode ; malheureusement il ne se prolongeait pas<br />
loin ; d’autre part les bords de la rivière étaient tellement abrupts<br />
que nous ne pouvions même pas puiser de l’eau. Nous traversâmes<br />
ensuite un défilé très facile, nommé le Gono, et nous campâmes<br />
près de la source Ountzyk-boulak, qui est tellement à l’écart qu’on<br />
a de la peine à la trouver.<br />
Le pays que nous traversâmes le lendemain était tantôt<br />
rocailleux, tantôt sablonneux ; puis vint une immense saline<br />
couverte de kharmyks et de tamarins. Enfin nous arrivâmes à l’Ara-<br />
tolaï, contrée féconde en herbages et en ruisseaux, où nous<br />
dressâmes nos tentes. En cet endroit nous n’étions plus qu’à 2.760<br />
mètres d’altitude ; l’air était imprégné d’émanations printanières ; à<br />
midi le thermomètre marquait 9 degrés à l’ombre, et au soleil<br />
s’élevaient des nuages d’insectes.<br />
Les hautes montagnes formant la ligne de démarcation entre le<br />
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