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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
oiseaux chantaient dans les arbres, mais le cri du faisan se produisait<br />
rarement ; enfin, deux mâles passèrent, malheureusement hors de<br />
portée ; j’en aperçus un troisième, et il me fut encore impossible de<br />
le tirer. Le dépit commençait à s’emparer de moi, d’autant plus que<br />
j’avais déjà entendu retentir la carabine d’un de mes compagnons. Je<br />
restai néanmoins à ma place, et ma persévérance fut récompensée.<br />
A quarante pas de moi je vis un magnifique couple, marchant d’un<br />
pas égal, sans se douter du danger. Mon premier coup de feu tua<br />
raide le mâle ; le second blessa la poule, qui parvint à s’échapper.<br />
Sans m’aventurer à la poursuivre, je retournai au bivouac, où mes<br />
compagnons m’attendaient. Ils avaient aussi tué un faisan. Plus tard<br />
nous fîmes des chasses plus fructueuses, et vingt-six de ces<br />
splendides oiseaux enrichirent nos collections.<br />
La rivière Baga-gorghi était le point extrême dont notre guide<br />
connût tant soit peu la route. Il fallut envoyer des reconnaissances,<br />
malgré les difficultés qu’elles présentent dans un pays tout sillonné<br />
de montagnes et de ravins. Nous n’hésitâmes pas, et, nous<br />
avançant à l’aventure, nous fîmes une marche de dix kilomètres<br />
jusqu’au pied de la montagne de Djakhan-fidza. Nous campâmes au<br />
milieu d’une prairie, au bord d’un ravin mesurant jusqu’à 50 mètres<br />
de profondeur. Ses parois sont taillées presque à pic dans des<br />
roches de schiste argileux, et au fond roule une petite rivière qui<br />
sépare le Djakhan-fidza d’une autre montagne aussi haute mais<br />
moins rocailleuse.<br />
Au pied septentrional de la première montagne se trouvait une<br />
petite chapelle très fréquentée par les Kara-Tangouts ; nous vîmes<br />
comment les dévots, marmottant des prières et fléchissant le genou<br />
tous les trois pas, faisaient le tour de la montagne, qu’ils<br />
considèrent comme sacrée. Il est défendu d’y chasser ; c’est<br />
pourquoi les koukou-iamans y pullulent en toute sécurité, ainsi que<br />
les perdrix oullars, et un peu plus bas les muses et les faisans<br />
oreillards.<br />
On s’étonne de la quantité de rhubarbe qui pousse sur les<br />
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