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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
Pendant tout le voyage ni nos cosaques ni nous nous ne<br />
passions le temps à nous promener ou à rester oisifs.<br />
La plaine dans laquelle nous étions entrés, près de la ville de<br />
Barkoul, s’étend entre l’extrémité orientale du Tian-Chan et une<br />
autre chaîne qui lui est parallèle. Sur celle-ci, quoique moins<br />
élevée, on voyait encore des neiges à la fin de mai, même à la<br />
pente méridionale. La plaine, d’une superficie d’environ 100<br />
verstes, est plus étroite dans sa partie orientale que dans sa partie<br />
occidentale, et non loin de la ville se trouve un lac salé. Ce lac, au<br />
dire des indigènes, a une étendue de 50 verstes carrées ; il dépose<br />
sur ses rives un sel d’excellente qualité. Le sol de la plaine est<br />
argileux, parfois un peu salin, mais toujours fertile ; on y rencontre<br />
d’excellents pâturages. Quoique Barkoul soit à 1.590 mètres<br />
d’altitude, on récolte dans ses environs des céréales, telles que le<br />
seigle, l’orge, le millet, etc. ; aussi beaucoup de Chinois y ont établi<br />
leur domicile. L’insurrection dounghane de 1860 a semé partout la<br />
ruine et la désolation ; tous les villages chinois ont été saccagés, la<br />
ville seule a pu résister. Lors de notre visite l’activité commençait à<br />
renaître ; de nombreux immigrants arrivaient de la province de<br />
Kan-Sou et d’autres localités de la <strong>Chine</strong> centrale.<br />
Nous n’avons pu visiter la ville de Barkoul. Nous y avons<br />
seulement envoyé notre interprète Abdoul Ioussoupof, accompagné<br />
d’un cosaque, pour y faire viser nos passeports. Le gouverneur les<br />
accueillit froidement, mais promit de nous donner un guide pour<br />
nous conduire jusqu’à Khami. Ils firent peu d’acquisitions parce que<br />
tout était hors de prix, notamment les choses de première<br />
nécessité. Ce renchérissement était dû aux demandes incessantes<br />
des armées chinoises qui se rendaient à Kouldja.<br />
De notre campement près du village de Sianto-Khaouza, nous<br />
voyions assez bien Barkoul. La ville est située au pied du Tian-Chan<br />
et couvre un grand espace. Elle est divisée en deux parties, le<br />
quartier militaire et le quartier marchand, tous deux entourés de<br />
hautes murailles de terre et renfermant des terrains vagues ou<br />
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