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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
L’air qui nous enveloppait était tellement chargé de poussière,<br />
que nous ne pouvions voir les montagnes qui se dressaient devant<br />
nous, et cependant nous en étions bien près. Peu élevées, elles<br />
forment un embranchement de la chaîne méridionale du Koukou-<br />
nor, et aboutissent au Dabassoun-gobi vers les sources du<br />
Gachoun-gol. Entre elles et la chaîne méridionale du Koukou-nor<br />
une grande plaine s’étend au loin vers l’est et l’on y rencontre deux<br />
grands lacs salés, le Syrkhé-nor et le Doulan-nor. Le chemin<br />
conduisant au temple p.074 de Doulan-kit, <strong>ancienne</strong> résidence du van<br />
du Koukou-nor, passe entre ces deux lacs. Aujourd’hui ce bâtiment<br />
est occupé par un tassolaktchi ou régent, qui nous affirma que nos<br />
correspondances avaient bien été envoyées à Sinin, mais que<br />
l’amban avait toujours refusé de les recevoir.<br />
Nous fûmes bien heureux de trouver des forêts auprès du<br />
Doulan-kit ; nous n’en avions pas vu depuis notre départ du Tian-<br />
chan. Leur altitude était de 3.500 à 3.800, peut-être même de<br />
3.900 mètres, et elles étaient presque exclusivement composées de<br />
genévriers (Juniperus pseudo-sabina). Ces arbres, que les Mongols<br />
nomment astra, atteignent de 15 à 20 mètres de batteur, avec un<br />
tronc de 1 à 2 pieds de diamètre.<br />
Nous espérions y faire bonne chasse, mais nous n’y vîmes que<br />
des gypaètes planant au-dessus des arbres à la poursuite de leurs<br />
femelles, et pas un mammifère ; les Mongols prétendent cependant<br />
qu’il y a là des marals.<br />
A Doulan-kit, comme à Dzoun-zassak, on refusait de nous<br />
vendre des chameaux, parce que, nous disait-on, les autorités<br />
locales ne savaient pas vers quel point nous voulions nous rendre.<br />
Cependant notre but bien avoué était d’explorer les sources du<br />
Khouan-khé (Hoang-ho ou fleuve Jaune), et, pour arriver, il nous<br />
fallait aller à Sinin, afin d’y voir le gouverneur ou amban, duquel<br />
relèvent ces localités. A la fin le tassolaktchi consentit à nous céder<br />
dix chameaux, qui, avec nos invalides, devaient suffire pour nous<br />
conduire à Donkyr, près de Sinin. Nous nous mîmes immédiatement<br />
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