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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
Dzoungarie. Vers son embouchure elle a 80 mètres de largeur ; son<br />
fond rocailleux est guéable en hiver et au printemps, mais en été<br />
elle subit des crues considérables ; son cours est toujours rapide et<br />
elle n’est jamais navigable. Ses bords, au moins dans la partie<br />
inférieure, sont boisés ; on y rencontre des forêts de peupliers noirs<br />
et de saules de diverses espèces, entremêlés d’épais buissons de<br />
framboisiers, de groseilliers, de chèvrefeuilles et surtout de<br />
dyrissoun (Lasiagrostis splendens), l’une des plantes les plus<br />
caractéristiques de l’Asie centrale. Dans ces forêts vivent des<br />
sangliers, des cerfs, des loups, des renards, des blaireaux et une<br />
grande variété d’oiseaux. La rivière est très poissonneuse, mais<br />
tous ses hôtes se ramènent à quatre ou cinq espèces. En dehors de<br />
la zone des forêts, au sud et au nord de la rivière s’étend le désert<br />
jusqu’à l’Altaï et au Tian-Chan.<br />
A 70 verstes de son embouchure dans l’Oulioungour, la vallée de<br />
l’Ouroungou se rétrécit, les pentes latérales se rapprochent en<br />
formant une gorge de 20 à 30 mètres de profondeur, au fond de<br />
laquelle la rivière se fraye péniblement un passage pendant<br />
plusieurs dizaines de verstes, c’est l’Ouroungou moyen. On n’y<br />
aperçoit nulle trace de culture ; les nomades n’y viennent pas<br />
pendant l’été à cause de la quantité prodigieuse de cousins et<br />
d’œstres qui tourmentent les troupeaux.<br />
Dès notre arrivée sur les bords de l’Ouroungou, nous avions fait<br />
une pêche vraiment miraculeuse. Avec un filet long de 10 à 12<br />
mètres nous avions pris d’un seul coup de 80 à 100 kilogrammes de<br />
muges p.007 mesurant 1 pied de long. Cela nous permit de varier un<br />
peu notre ordinaire ; nous avons essayé aussi de chasser, mais<br />
sans grand succès. Nous campions toujours au bord de la rivière ;<br />
mais, sur le cours moyen, les roches se rapprochent tellement que<br />
la route est obligée de s’enfoncer dans le désert, où les cailloux<br />
blessaient les sabots de nos chameaux et usaient nos bottes avec<br />
une rapidité inquiétante. Là encore ni habitants ni nomades ;<br />
seulement de 30 en 30 verstes un poste de soldats chinois. En 1878<br />
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