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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
En quittant les montagnes de Koukou-Syrkhé, nous nous<br />
sommes trouvés sur un terrain accidenté, qui présente l’aspect d’un<br />
plateau assez élevé (1800 mètres) où s’éparpillent dans un grand<br />
désordre des monticules et des collines. D’étroites vallées,<br />
désignées sous le nom de padis, s’y entrecroisent ; les sources y<br />
sont abondantes et l’eau est excellente ; sur les pentes se<br />
développent de magnifiques pâturages. Les herbes qui y croissent<br />
le plus abondamment sont l’absinthe et le dyrissoun, puis la stipe<br />
plumeuse. Nous y avons trouvé en fleur le géranium, le fumeterre<br />
et d’autres, et, parmi les arbrisseaux, le genévrier, la spirée, le<br />
chèvrefeuille et le faux acacia. Dans quelques ravins poussent<br />
l’églantier et le pommier sauvage, qui n’y dépasse guère 2 mètres.<br />
En somme la flore y est tellement variée que dans p.013 une seule<br />
journée nous avons enrichi notre herbier de trente-deux espèces de<br />
plantes. Nous y avons tué un grand nombre d’argalis et nous avons<br />
augmenté nos collections d’une fouine des rochers (Mustela foina),<br />
de plusieurs renards et d’antilopes. Pour les oiseaux, les plus<br />
communs étaient : le bruant des neiges, une fauvette qui chante<br />
délicieusement, le merle de roches et les pinsons de montagne et<br />
du désert.<br />
Dans ces montagnes nous avons vu des habitants sédentaires,<br />
ce qui ne nous était pas arrivé depuis notre départ du Gachoun-nor.<br />
C’étaient des Chinois établis près des sources et s’occupant<br />
d’agriculture. Malgré la richesse des prairies, nous n’y avons pas<br />
rencontré de nomades, sans doute parce que les Chinois les en<br />
repoussaient.<br />
Le guide tourgout que nous avions pris au Gachoun-nor<br />
connaissait très peu le pays, et, quand nous fûmes dans la<br />
montagne, il perdit complètement la tête. Comme il nous avait déjà<br />
maintes fois égarés, je m’empressai de le renvoyer, en lui donnant<br />
de bonnes paroles pour toute gratification.<br />
En général, dans l’Asie centrale, le voyageur trouve difficilement<br />
des guides convenables ; ils sont presque tous idiots ou fripons. De<br />
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