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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
nuages, et, comme toujours dans ces régions, en deux ou trois<br />
heures le soleil p.220 eut complètement séché le chemin. En même<br />
temps nos yeux étaient ravis de l’aspect que présentait toute la<br />
vallée, et nous apercevions les cimes neigeuses des monts Djakhar,<br />
que nous avions résolu d’explorer : mais pour cela il fallait d’abord<br />
gagner l’oasis de Gouï-Douï.<br />
En suivant la rivière Tagalyn, nous rencontrâmes d’abord la<br />
bourgade de Kha-Gomi, puis celle de Doro-Gomi, qui est au<br />
confluent de la rivière avec le Hoang-ho. Elles sont habitées par<br />
soixante-dix familles de Kara-Tangouts qui, dans des champs très<br />
bien soignés, cultivent le froment, l’orge, le lin, les pois et les fèves.<br />
Il y pousse aussi de grands saules et des peupliers qui en été<br />
donnent beaucoup d’ombrage et en hiver fournissent un bon<br />
combustible.<br />
Nous traversâmes le fleuve en deux fois sur une grande barque<br />
bien établie pour ce genre de service. Le Hoang-ho est ici à 2.200<br />
mètres d’altitude, il mesure 120 mètres de largeur, et son courant<br />
est très rapide. Quand on veut se rendre à une localité située en<br />
aval, on se sert de radeaux d’une construction très originale. Ils se<br />
composent de peaux de mouton remplies d’air, que l’on réunit au<br />
moyen de perches très minces et que l’on recouvre de joncs ; un<br />
seul homme dirige ce frêle esquif.<br />
L’oasis de Gouï-Douï, où nous abordâmes, est formée par deux<br />
petites rivières qui tombent dans la droite du fleuve Jaune ; elle ne<br />
comprend que la ville du même nom et une centaine de fanzas,<br />
disséminées le long des deux rivières. Elle est très fertile, bien<br />
arrosée ; on y cultive beaucoup de melons et de pastèques ; et il y<br />
a suffisamment d’arbres fruitiers, poiriers, abricotiers et cerisiers,<br />
dont les fruits étaient déjà mûrs. La population de cette oasis<br />
s’élève à 6.000 ou 7.000 individus des deux sexes, Chinois et<br />
Tangouts.<br />
Après un jour de repos, nous nous rendîmes dans les montagnes<br />
situées au sud. Elles forment un groupe isolé au milieu d’un vaste<br />
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