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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
Les Kara-Tangouts forment toute la population de la partie du<br />
bassin supérieur du Hoang-ho que nous avons explorée. Une minime<br />
partie d’entre eux est établie à demeure fixe dans la région voisine<br />
de l’oasis de Gouï-Douï : les autres sont nomades. Les premiers sont<br />
généralement désignés sous le nom de Djakhou, et les seconds sous<br />
celui de Rounva. Ceux-ci se subdivisent en nombreuses tribus, qui<br />
reconnaissent peu l’autorité des gouverneurs chinois et ne payent<br />
aucun impôt. Il est impossible d’en indiquer le nombre ; il doit être<br />
considérable, car on en rencontre partout. Ces tribus sont entre elles<br />
dans un état de guerre permanent au sujet de la possession des<br />
pâturages. Par leur physionomie, les Kara-Tangouts se distinguent<br />
facilement des Thibétains et de ceux de leurs congénères que nous<br />
avons été à même d’observer. Chez eux la face est plus large, les<br />
oreilles plus détachées, les yeux plus obliques, surtout chez les<br />
jeunes gens ; en un mot ils se rapprochent plus du vrai type mongol.<br />
On rencontre des figures supportables chez les petits garçons et les<br />
jeunes gens ; mais les vieillards sont fort laids, d’autant plus que<br />
leur teint, généralement couleur cannelle, fonce beaucoup en<br />
vieillissant. Ils ne portent ni barbe ni moustaches ; il est probable<br />
que chez eux cet ornement pousse mal. Ils se rasent la tête, en<br />
laissant parfois une tresse sur la nuque. Ils ont tous un long sabre<br />
passé dans la ceinture et portent souvent un fusil à mèche ou une<br />
lance. Les femmes sont de taille moyenne : dans leur jeunesse elles<br />
ne sont quelquefois pas désagréables. De même que les hommes,<br />
elles ont toutes les yeux et les cheveux noirs ; elles recherchent les<br />
ornements et les bijoux. Elles séparent leurs cheveux au milieu de la<br />
tête et en forment deux longues tresses qu’elles garnissent de grains<br />
de corail, de plaques d’argent ou de cuivre, de coquillages, et<br />
qu’elles attachent par derrière au moyen de larges rubans. Leur<br />
costume, identique à celui des hommes, consiste en une vaste<br />
pelisse de peau de mouton, en un caftan de drap ou de dalemba, un<br />
pantalon de même étoffe et une paire de bottes chinoises. Les deux<br />
sexes se couvrent la tête de bonnets en dalemba ou en peau de<br />
mouton et parfois d’étroits chapeaux de feutre.<br />
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