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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
habitations quelquefois ruinées ; ensuite la plaine devint<br />
rocailleuse ; au delà nous apparut l’immensité des sables du désert.<br />
Toutefois un peu plus loin, dans une vallée arrosée par un ruisseau,<br />
nous trouvâmes encore quelques villages chinois. Je résolus de<br />
camper près de l’un d’eux. Là nos chameaux, qui n’avaient eu<br />
qu’une maigre pitance à Khami, purent se régaler de djantak<br />
(Alhagi camelorum), leur mets favori.<br />
Nous avons été rejoints en cet endroit par les guides que nous<br />
avait promis le tchin-tsaï, mais, en dépit de nos observations, il<br />
nous envoyait, au lieu de deux guides, quinze hommes,<br />
commandés par un officier : ce fut à grand’peine, que j’obtins de ce<br />
dernier qu’il n’en conserverait que six avec lui.<br />
Notre seconde étape nous conduisit à Tchanliou-fi, petit village<br />
chinois perdu au milieu d’une saline couverte de roseaux et de<br />
kendyr (Apocynum pictum) ; là finit la région habitable du désert de<br />
Khami.<br />
Ce désert est limité au nord par le Tian-Chan, au sud par le Nan-<br />
Chan ; à l’ouest il se confond avec celui du Lob-nor et à l’est avec le<br />
Gobi central. Vers son centre, dans la direction que nous suivions,<br />
se trouve une montagne haute d’environ 1.500 mètres, et qui est<br />
un des contreforts du mont Beï-san, que nous reverrons bientôt. Au<br />
nord de cette hauteur s’étend une plaine légèrement accidentée et<br />
absolument aride, qui a son minimum d’altitude (750 mètres), près<br />
de l’oasis de Khami. Vers le sud se déroule une autre plaine<br />
visiblement inclinée jusqu’à la rivière Bouliountsir et qui conserve<br />
ensuite jusqu’au Nan-Chan une altitude uniforme de 1.110 mètres.<br />
Dans cette région est située l’oasis de Sa-tchéou. La distance de<br />
Khami à cette dernière est de 346 verstes ; nous l’avons parcourue<br />
en quinze jours, y compris deux journées de repos ; c’est le désert<br />
dans toute son affreuse nudité : pas de végétation, pas trace<br />
d’animaux, pas même de reptiles ni d’insectes. L’air surchauffé crée<br />
de fréquents mirages, et, en dehors même de ce phénomène, les<br />
couches inférieures s’agitent et tremblent de manière à déformer<br />
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