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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
ruinés. Fondée en 1731, elle a fait partie jusqu’à la dernière<br />
insurrection de la province chinoise de Kan-Sou 1 .<br />
Le lendemain nous vîmes arriver un guide avec six soldats<br />
chargés de nous accompagner jusqu’à Khami. Cette prétendue<br />
escorte d’honneur était composée d’hommes qui ne cessèrent de<br />
nous importuner de leur curiosité et de leurs quémanderies.<br />
Le premier jour de notre marche nous ne fîmes que 7 verstes,<br />
parce qu’il tombait une forte pluie mêlée de neige. Sur le sol argileux<br />
ainsi détrempé les chameaux ne peuvent avancer ; ils ne font que<br />
glisser et p.016 s’abattent souvent. Nous suivions cependant une<br />
grande route carrossable qui longe le versant septentrional du Tian-<br />
Chan. Les Chinois nomment cette route Peï-lou ; une autre, appelée<br />
Nan-lou, se déroule le long du versant méridional, et toutes deux<br />
vont de Khami à la frontière occidentale de l’empire Chinois, la<br />
première à Kouldja, l’autre à Kachgar. Elles sont très <strong>ancienne</strong>s et ont<br />
été réparées dans la seconde moitié du siècle dernier. A certaines<br />
distances sur l’une et sur l’autre sont établis des bureaux de poste,<br />
sous forme de sales masures de terre où hommes et animaux logent<br />
pêle-mêle. Nous arrivons enfin au Tian-Chan, qui, depuis deux jours,<br />
nous captivait de loin par sa luxuriante verdure. Malgré les<br />
récriminations de notre escorte, nous campons en pleine forêt.<br />
Après une journée de repos dans un site enchanteur, au milieu<br />
d’une forêt de mélèzes entourée d’immenses prairies émaillées de<br />
milliers de fleurs, nous franchissons le Tian-Chan en une seule<br />
marche. Il n’a guère ici que 25 à 30 verstes de largeur, cependant il<br />
a encore son aspect grandiose ; ses crêtes se perdent dans les<br />
nuages, dépassant souvent la ligne des neiges permanentes, et ses<br />
1 Les Russes transcrivent les noms chinois d’après la prononciation des Chinois du<br />
Nord ; les Français, par contre, d’après celle des Chinois du Sud. Par suite, la<br />
divergence d’orthographe est tellement grande, que souvent l’identification des<br />
noms devient impossible. Pour la traduction française nous pensons qu’il vaut<br />
mieux se servir de la transcription française. Les Russes n’ont pas la lettre H ;<br />
dans les noms étrangers ils la remplacent par le Γ (ghé), lorsque l’aspiration est<br />
douce, et par X (le chi des Grecs) lorsque l’aspiration est forte. C’est ainsi que<br />
Hoang-ho devient Kouang-Khé.<br />
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