You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
l’aspect de tous les objets. Cette terrible température nous obligeait<br />
à voyager la nuit. Nous partions le soir à huit heures et nous<br />
marchions jusqu’à minuit : après un repos d’environ deux heures,<br />
au point du jour, nous nous remettions en route, jusqu’à ce que la<br />
chaleur nous eût forcés de nous arrêter. Les puits étaient rares et<br />
leur eau était presque toujours saumâtre, souvent amère.<br />
Nous sommes arrivés ainsi aux monts Beï-san, chaîne de collines<br />
n’ayant guère plus de 300 pieds au-dessus de la plaine et courant de<br />
l’ouest à l’est, où elles semblent se confondre avec les derniers<br />
embranchements du Tian-Chan. Ces hauteurs, formées de terre<br />
glaise entremêlée de cailloux, ne sont pas moins arides que la plaine,<br />
et par suite la vie animale y est presque aussi rare. Cependant, nous<br />
y avons aperçu des lièvres, des antilopes à queue noire ou<br />
dzeyrans, des onagres et un petit troupeau de chameaux sauvages.<br />
Après avoir franchi les collines les plus méridionales du Beï-san,<br />
la plaine s’ouvrit devant nous toujours aussi nue, jusqu’au puits de<br />
Chiben-Doun, où nous eûmes la satisfaction de voir se dessiner<br />
devant nous l’immense plaine du Nan-Chan, avec ses cimes<br />
couvertes de neiges éternelles. Cet aspect nous causa une joie<br />
immense ; nous allions échapper bientôt aux chaleurs qui nous<br />
accablaient depuis tant de jours.<br />
Ayant parcouru 30 kilomètres à travers la plaine inclinée, nous<br />
atteignîmes la rivière Bouliountsir, qui descend du Nan-Chan et<br />
arrose la ville d’An-si. Les canaux creusés pour l’irrigation sont<br />
cause que cette rivière est presque à sec pendant l’été, mais à<br />
l’automne elle se gonfle au point d’inonder les campagnes<br />
environnantes.<br />
Peu après sa sortie de l’oasis d’An-si, elle se perd dans une<br />
saline ; au dire des Chinois, elle reparaît plus loin et va gagner le<br />
Lob-nor. Nous la passâmes presque sans l’apercevoir. Cependant<br />
sur l’autre rive le pays a une apparence différente ; le sol, formé de<br />
lœss, se couvre d’une maigre végétation de saksaoul, de tamarins,<br />
de p.022 kharmyk et de roseaux dans les lieux plus humides.<br />
45