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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
Il revint à notre camp dès le lendemain matin, mais toujours<br />
pour affirmer la prétendue impossibilité où il se trouvait, de m’être<br />
agréable. Irrité, le l’accablai d’injures, lui et sa suite, et je finis par<br />
les mettre tous à la porte. Cette manière d’agir était la meilleure,<br />
car elle leva toutes les difficultés. Le béissé, après avoir délibéré<br />
avec ses proches, nous offrit un guide pour nous conduire, non<br />
directement au Thibet, mais chez le prince Dzoun-zassak, son<br />
voisin, qui m’avait déjà offert l’hospitalité en 1872, lors de mon<br />
premier voyage au Thibet. J’acceptai, car je ne pouvais plus penser<br />
à confier à cet homme une partie de nos bagages. Je lui achetai<br />
une tente de feutre, quinze moutons, quelques objets<br />
indispensables, et nous partîmes.<br />
Une distance de près de 120 verstes séparait notre campement<br />
de Dzoun-Zassak. Il nous fallut laisser le lac Kourlyk à notre<br />
gauche, mais nous avons pu explorer un autre lac un peu plus<br />
grand, le Tasse-nor. Ces deux lacs sont situés à coté l’un de l’autre,<br />
séparés par un isthme étroit, que coupe un canal qui sert à<br />
l’écoulement du Kourlyk-nor dans le Tasso-nor. Ce dernier reçoit en<br />
outre les eaux du Balghyn-gol et du Baïan-gol, rivières qui prennent<br />
naissance dans les montagnes du nord. Le Kourlyk-nor a, nous dit-<br />
on, 36 verstes de tour, l’autre lac en a trois de plus ; ni l’un ni<br />
l’autre ne contient de poissons.<br />
Après avoir fait provision dans le Tasso-nor d’une vilaine eau<br />
saumâtre, nous fîmes 42 verstes pour aller atteindre à la nuit les<br />
bords de la rivière Boulounghir. Tout l’espace que nous venions de<br />
parcourir était couvert de lœss et de cailloux ; çà et là on voyait des<br />
salines où croissait quelque chétif saksaoul ; la nature semblait<br />
morte : pas un chant d’oiseau, pas un animal, pas même un lézard.<br />
Nous étions au 1 er septembre et notre thermomètre marquait<br />
26,8°, température que nous n’avions pas éprouvée pendant toute<br />
la durée du mois d’août ; mais la nuit suivante, pendant un violent<br />
orage du sud-ouest, il tomba de la neige mêlée à des torrents de<br />
pluie. Le lendemain le vent soufflait avec une telle force, qu’il ne<br />
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