You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
brigands, on a construit à Syrtin une khyrma (forteresse en terre<br />
glaise), où les habitants peuvent se réfugier, eux et leurs richesses.<br />
Les Mongols de Syrtin nous firent assez bon accueil, on nous<br />
offrit du lait et l’on nous vendit des moutons et du beurre. Il nous<br />
fut facile de trouver des guides pour p.035 nous rendre au Thibet,<br />
mais aucun d’eux ne voulait y aller directement. Ils objectaient<br />
qu’ils ne connaissaient pas la route, ou bien qu’elle était d’abord<br />
complètement privée d’eau, et qu’ensuite on y tombait au milieu de<br />
marécages infestés de mouches et de cousins, où tous nos animaux<br />
périraient. Bref, ils voulaient nous faire faire un détour pour passer<br />
par le campement de leur prince, afin d’obtenir sa permission et<br />
aussi pour lui être agréable en lui conduisant des étrangers qui<br />
ne manqueraient pas de lui faire un cadeau. Je cédai, parce que<br />
c’était l’unique moyen d’explorer le Tsaïdam septentrional, puis<br />
parce que j’espérais pouvoir acheter quelques chameaux au prince<br />
de Khourlyk et lui laisser en dépôt nos collections, qui ne pouvaient<br />
que nous gêner pendant notre excursion au pays du Dalaï-lama.<br />
Le 13 août, vers midi, nous vîmes arriver notre nouveau guide,<br />
nommé Tan-to. Il était d’un extérieur assez avenant et passait même<br />
parmi les siens pour une sorte de lovelace. Contrairement aux<br />
habitudes de ses compatriotes, il se débarbouillait tous les jours, se<br />
lavait les dents et portait des vêtements propres. Comme il fut<br />
toujours très serviable, je lui donnai, quand nous le quittâmes, un<br />
savon, des ciseaux et autres bagatelles, dont il fut enchanté ; cela<br />
devait ajouter à son prestige aux yeux des beautés du Tsaïdam.<br />
Nous nous mîmes immédiatement en route. Le premier jour<br />
nous ne fîmes que 18 verstes : nous savions que nous allions en<br />
avoir à faire 65 à travers un désert complètement privé d’eau.<br />
Arrivés au bord de la rivière Orioghyn, nous nous reposâmes tout<br />
un jour. La santé du sous-officier Iégorof était parfaitement<br />
rétablie, mais les plaies de ses pieds n’étaient pas encore<br />
cicatrisées, et il était survenu quelques légers accidents aux<br />
cosaques Irintchinof et Kalmouinin.<br />
73