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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
l’ouest par celles du Koukou-nor, au nord et à l’est par le bras du<br />
Nan-chan limitant au sud la vallée du Tetoung-gol, affluent de<br />
gauche du fleuve Jaune. Ce plateau n’est occupé que par des<br />
Tangouts nomades, auxquels se mêlent quelques familles mongoles<br />
et kirghises. Nous fîmes une halte p.223 de deux jours dans les<br />
montagnes situées à l’ouest de la petite ville de Bamba, habitée par<br />
des mahométans opprimés par les Chinois, qui s’en font ainsi des<br />
ennemis mortels. Un peu plus loin nous entrâmes dans une contrée<br />
peuplée de Mongols sédentaires. Aussi loin que notre œil pouvait<br />
s’étendre, il n’y avait pas un coin qui, ne fût cultivé. Dans ces<br />
champs jaunissaient l’orge, le froment, les pois, les fèves ; on y<br />
voyait aussi du lin, du chanvre et des pommes de terre. Là point<br />
d’irrigation artificielle, les pluies suffisent : il est vrai que ces pluies<br />
tombent tout l’été. Elles nous gênaient beaucoup ; une affreuse<br />
humidité régnait partout, nos vêtements étaient continuellement<br />
mouillés. La température s’abaissait tout à coup ; nous ne pouvions<br />
sécher les plantes récoltées, et nos armes se couvraient de rouille.<br />
Heureusement que, lorsque le soleil se montrait, il brûlait très fort<br />
sans quoi toutes nos collections eussent péri.<br />
Ayant passé un pont de pierre construit sur le Bougouk-gol, et<br />
fait encore une étape, nous arrivâmes au temple de Tcheïbsen, où<br />
nous retrouvâmes plusieurs <strong>ancienne</strong>s connaissances, qui nous<br />
reçurent avec beaucoup d’amitié. Comme nouveauté, nous vîmes<br />
un grand nombre d’oratoires hydrauliques. Ces moulins à prières,<br />
fort communs au Thibet et dans d’autres pays bouddhiques,<br />
consistent en un cylindre de fer fixé à un pieu d’à peu près un<br />
mètre de hauteur. A ce pieu est attachée une roue à aubes que le<br />
courant met en mouvement et qui fait tourner le cylindre, peint<br />
habituellement en rouge et couvert d’inscriptions. Les dévots<br />
jettent dans l’intérieur des morceaux de papier ou de toile sur<br />
lesquels des prières sont écrites, et ces prières, étant<br />
continuellement agitées, sont, dans leur croyance, une incessante<br />
invocation à la Divinité.<br />
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