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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
et l’installèrent à Ougra ; c’est depuis ce temps que réside dans<br />
cette ville le Koutoukh-ta, dont les pouvoirs sont presque égaux à<br />
ceux du Dalaï-lama.<br />
Quant à la grêle de pierres qui dispersa les Mongols, on en voit<br />
les traces sur le versant septentrional du Tan-la, près des sources<br />
du Tem-tchiou. Là en effet, à une dizaine de verstes de l’orée de la<br />
montagne, on voit des amas de pierres rondes de la grosseur d’une<br />
noix ; ce sont les courants d’eau qui les ont arrachées du lœss qui<br />
couvre les hauteurs, les ont roulées et déposées dans la plaine :<br />
mais les lamas mongols ont foi dans la tradition et, à leur retour de<br />
Lhassa, ils en prennent de véritables charges, qu’ils vendent à prix<br />
d’or dans leur pays.<br />
Quoique nous eussions considérablement diminué les charges de<br />
nos chameaux, nous en perdîmes deux dans la traversée du Tan-<br />
la ; cependant la neige avait disparu et ne se conservait que dans<br />
les régions supérieures, au-dessus de 4.800 mètres d’altitude. Le<br />
thermomètre nous donnait encore 33 degrés au-dessous de zéro au<br />
lever du soleil, mais le vent nous soufflait dans le dos, tandis que<br />
nous l’avions eu en pleine figure lors de notre précédent voyage.<br />
Nous fîmes pendant ce passage d’excellentes chasses aux<br />
oullars ou perdrix du Thibet. Ces oiseaux n’habitent que les<br />
montagnes les plus hautes et les prairies alpestres qui les<br />
entourent ; on n’en voit pas au-dessous de 3.000 mètres et ils<br />
s’élèvent jusqu’à près de 5.000. A ces altitudes, pendant toute<br />
l’année, règnent les glaces et les bourrasques ; on n’y rencontre<br />
que cailloux et rochers abrupts : la nourriture doit donc y être bien<br />
maigre, et cependant les oullars ne quittent jamais leur patrie. Ils<br />
supportent aisément des gelées de 30 degrés. Au printemps ils se<br />
séparent par couples ; le mâle ne cesse alors de crier du matin<br />
jusqu’au soir, et la femelle bâtit son nid, soit à terre, soit dans une<br />
fente de rocher. Les petits, au nombre de cinq à dix, ne quittent<br />
pas leurs parents ; à l’approche d’un danger ils se blottissent entre<br />
les pierres, où il est presque impossible de les apercevoir. En<br />
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