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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
Après une marche de vingt-huit kilomètres au delà du Sian-si-bei,<br />
nous arrivâmes à la rivière Baga-gorghi, p.214 le premier affluent de<br />
gauche du Hoang-ho qui ait quelque importance. Il vient du mont<br />
Ougoutou, et son courant est tellement rapide, qu’il est souvent<br />
impossible de le passer à gué. Il s’est creusé à travers le plateau une<br />
vallée large d’un kilomètre à la partie supérieure et profonde de plus<br />
de 325 mètres. Les parois, fortement ravinées, sont en pente assez<br />
douce et couvertes d’acacias, d’épines-vinettes, d’églantiers et de<br />
chèvrefeuilles. Plus haut, le pin s’y mêle au genévrier. Dans ces<br />
fourrés, vivent le faisan commun, le faisan oreillard, la perdrix de si-<br />
fan, la pie bleue et une foule de petits oiseaux.<br />
Les indigènes, quoique prévenus de notre excursion par leurs<br />
amis de Balekoun-Gomi, s’effrayèrent de notre arrivée et résolurent<br />
de chercher à nous intimider, pour se débarrasser le plus vite<br />
possible de notre présence.<br />
Le lendemain un cavalier s’approcha de notre bivouac, jeta<br />
quelques paroles à notre guide et s’éloigna rapidement. Il paraît<br />
que c’était un ambassadeur des Kara-Tangouts qui venait nous<br />
prévenir que nous allions être tous massacrés. Nous nous tînmes<br />
sur nos gardes ; nous ne nous couchions qu’armés et nous n’allions<br />
à la chasse que le revolver à la ceinture. C’était une fausse alerte,<br />
nous ne fûmes point attaqués, et même nos relations avec les<br />
Tangouts devinrent assez intimes. Pendant les huit jours que nous<br />
passâmes sur les bords du Baga-gorghi, nous fîmes une guerre<br />
acharnée aux oiseaux, pour enrichir nos collections ; nous<br />
chassions de préférence le faisan oreillard.<br />
Ce magnifique oiseau est de la taille de notre coq domestique ; il<br />
paraît plus grand à cause de sa queue longue et bien fournie. Son<br />
plumage est bleu ardoisé ; des deux côtés de la tête il porte une<br />
plaque nue d’un rouge ardent ; le bec est jaune, la gorge blanche<br />
ainsi que les deux bouquets de plumes auxquels il doit son nom. Le<br />
dessus de la queue est bleu d’acier avec des reflets verts ; les plumes<br />
latérales, au nombre de quatre à sept de chaque côté, ont leur bord<br />
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