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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
extérieur blanc ; les quatre plumes médianes sont plus relevées, plus<br />
longues et légèrement recourbées à leur extrémité. Les pieds,<br />
rouges, très forts, sont armés d’éperons chez les mâles : Nous avions<br />
déjà rencontré cet oiseau dans l’Ala-chan et le Nan-chan, jusqu’à<br />
3.300 mètres d’altitude. Il se plaît surtout au milieu des buissons<br />
touffus, où il trouve facilement sa nourriture, exclusivement végétale.<br />
Il mange de l’herbe, les bourgeons et les fleurs de l’épine-vinette<br />
ainsi que ceux d’autres arbrisseaux et toutes sortes de baies. En hiver<br />
il recherche la djouma, c’est-à-dire la racine de la Potentilla anserina,<br />
qu’il déterre avec ses ongles puissants. Il marche le plus souvent à<br />
terre, d’un pas mesuré et la queue relevée ; il court fort vite et<br />
s’envole rarement ; au reste son vol est lourd et de peu de durée,<br />
comme celui du coq de bruyère. Ils dorment et nichent à terre ; la<br />
femelle pond de cinq à sept œufs, d’un gris olivâtre et de la grosseur<br />
d’un œuf de poule. Ils soignent bien leurs petits, mais en cas de<br />
danger ils ne cherchent guère à les défendre.<br />
La chasse au faisan oreillard est extrêmement difficile. A peine<br />
peut-on le distinguer à travers les fourrés et les taillis, et<br />
l’approcher à portée de fusil. D’un autre côté, la mollesse et<br />
l’épaisseur de son plumage font que ses blessures sont rarement<br />
mortelles, et, le fussent-elles, il trouve encore la force de fuir ; on<br />
le retrouve alors difficilement.<br />
Les chasses les plus fructueuses étaient celles que nous faisions<br />
au lever de l’aurore. L’une d’elles, au bord du Baga-gorghi, s’est<br />
profondément gravée dans mon esprit.<br />
Vers le soir nous étions partis à quatre pour nous rendre à une<br />
lieue de notre campement. Nous arrivâmes avant le coucher du<br />
soleil ; après avoir attaché nos chevaux, nous pénétrâmes dans la<br />
broussaille afin de reconnaître les gîtes de nuit des oiseaux. Nous<br />
nous arrêtâmes sous de grands pins où se voyaient des traces non<br />
équivoques de leur passage. Le jour baissait de plus en plus ; une<br />
volée de pies bleues s’abattit près d’une source et disparut dans les<br />
buissons ; de grands merles s’assemblèrent de tous côtés ; l’un<br />
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