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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
L’oasis de Khami est située à 40 verstes de l’extrémité<br />
méridionale du Tian-Chan ; elle ne mérite pas la réputation qu’on<br />
lui a faite ; en effet, elle ne diffère en rien des autres oasis de l’Asie<br />
centrale. Toutefois sa superficie est relativement considérable ; elle<br />
a de 12 à 15 verstes de l’est à l’ouest, et un peu moins du nord au<br />
sud ; son sol argilo-sablonneux est très fertile ; on y cultive le<br />
seigle, l’orge, l’avoine, le millet, les légumes et les melons. Les<br />
melons d’eau surtout y sont d’une qualité supérieure ; on en fait<br />
des envois à la cour de Pékin. Malheureusement tous les arbres ont<br />
été détruits lors de l’insurrection musulmane ; on voit beaucoup de<br />
villages en ruine ; mais, comme l’immigration chinoise renaît, on ne<br />
peut douter que l’oasis ne reprenne bientôt son ancien aspect. Il est<br />
à remarquer que, malgré sa fertilité, la flore, dans les parties non<br />
cultivées, est assez pauvre ; nous n’y avons récolté que quelques<br />
plantes, telles que la réglisse, le lyciet, le Sophora alopecuroides et<br />
le liseron des champs. On ne voit pas de grands animaux, et, s’il y<br />
a beaucoup d’oiseaux, ils appartiennent à un petit nombre<br />
d’espèces ; seuls les lézards y fourmillent, ainsi que les galéodes,<br />
sorte d’araignée dont la morsure est extrêmement dangereuse.<br />
La population dominante de Khami descend des anciens<br />
Ouïgours, mêlés à des Mongols et à des gens venus du Turkestan.<br />
Ils sont tous mahométans ; entre eux ils se donnent le nom de<br />
Tarantchis ou hommes des champs ; les Chinois les appellent<br />
Tchantou ou Khoï-khoï, dénomination qu’ils appliquent du reste à<br />
tous les musulmans de l’empire.<br />
Le costume national de Khami se compose d’un caftan de<br />
couleur claire et d’une sorte de mitre surmontée d’une houppe<br />
noire, qu’on porte au sommet de la tête. Cette coiffure est<br />
commune aux hommes et aux femmes ; celles-ci remplacent le<br />
caftan par une sorte de longue blouse recouverte d’un gilet sans<br />
manches ; quelques-unes s’habillent à la chinoise. Les hommes se<br />
rasent toute la tête, sauf les fonctionnaires, qui portent par derrière<br />
une longue tresse comme les Chinois.<br />
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