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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
nous passions notre temps à chasser les oullars et les koukou-<br />
iaman ; j’eus de plus la chance de tuer un ours, et voici comment :<br />
En courant le pays, M. Éclon avait aperçu un ours dans sa<br />
tanière, mais il n’avait pas pu le tirer parce que son fusil n’était<br />
chargé que de plomb. Le lendemain matin nous nous mîmes quatre<br />
à la poursuite de l’animal : il avait délogé ; nous nous dispersâmes<br />
à sa recherche. La montée était rude, le vent violent et le froid vif.<br />
En maints endroits je vis des oullars ; pour le moment je m’en<br />
souciais peu ; au bout de deux ou trois heures j’atteignis le sommet<br />
de la montagne sans avoir rien vu de la bête de chasse.<br />
A sa male heure un troupeau de koukou-iaman se précipita alors<br />
dans ma voie ; je lui envoyai deux balles, dont l’une atteignit une<br />
femelle, qui tomba, mais pour se relever bientôt et faire un saut<br />
jusqu’au sommet des rochers au-dessus de ma tête. Toute la bande<br />
l’y rejoignit ; et, comme je cherchais à m’en approcher, j’aperçus à<br />
cinq cents pas un animal couché derrière un rocher.<br />
C’était un ours se chauffant au soleil.<br />
Je ne pouvais le tirer à pareille distance. Je me laissai glisser le<br />
long des rochers. L’ours, qui probablement n’avait jamais vu<br />
d’homme, ne bougea pas, et tourna nonchalamment la tête de mon<br />
côté. Je gagnai ainsi un rocher derrière lequel je pus m’abriter.<br />
N’étant à guère plus de cent pas de l’animal, je fis feu. L’ours,<br />
mortellement atteint, rentra dans son antre, où je lui envoyai deux<br />
nouvelles balles. Je m’approchai avec beaucoup de peine et je vis<br />
qu’il était mort. C’était une magnifique bête et je m’apprêtais à<br />
l’écorcher quand je fus rejoint par M. Éclon. Nous nous chargeâmes<br />
de la peau et de la tête, sans oublier la graisse, qui du reste était<br />
peu abondante. Pendant notre descente à travers les cailloux nous<br />
rencontrâmes le cosaque Ouroussof, qui rentrait bredouille ; il nous<br />
aida à porter notre lourde charge.<br />
A partir du Tsagan-obo nous quittâmes notre <strong>ancienne</strong> route,<br />
pour suivre celle du Taïdjiner. Celle-ci, outre l’avantage d’être plus<br />
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