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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
mais avec la population flottante on arrive au chiffre de 40.000 et<br />
même de 50.000. Ils se partagent en Thibétains, Chinois, Pébous<br />
ou Indiens du Boutan, et Cachemiriens, connus sous le nom de<br />
Katchis ; ceux-ci sont tous commerçants et, en leur qualité de<br />
mahométans, forment une commune à part ; les Pébous sont<br />
presque tous artisans : les Chinois sont fonctionnaires ou soldats.<br />
On importe à Lhassa surtout des marchandises venant de <strong>Chine</strong>,<br />
beaucoup moins de l’Inde et de Cachemire. Tout s’y vend à des prix<br />
exorbitants, l’argent y étant très commun. Les mœurs sont<br />
abominablement relâchées, et comment en serait-il autrement dans<br />
une ville où les lamas posent en principe que tout péché sera<br />
pardonné s’il a été commis dans la Cité Sainte ?<br />
Outre le Bouddhala, résidence habituelle du Dalaï-lama, il y a<br />
onze couvents, généralement très riches et très peuplés, et, dans<br />
les environs immédiats, un très grand nombre de temples, en sorte<br />
qu’on nous a assuré qu’en dehors de la population ordinaire Lhassa<br />
et sa banlieue entretenaient 50.000 lamas.<br />
Lors de notre voyage, le Dalaï-lama avait à peu près six ans ;<br />
son prédécesseur était mort en 1874 à l’âge de vingt-deux ans,<br />
empoisonné, dit-on, par le régent Nomoun khan.<br />
Chaque nouveau grand prêtre est toujours choisi parmi les enfants<br />
nés le jour de la mort de l’autre, puisqu’il n’est qu’une nouvelle<br />
incarnation du même être. Du reste l’existence de ce demi-dieu n’est<br />
rien moins qu’enviable. Il vit sous la surveillance éternelle des lamas<br />
de la cour, et chacun de ses pas est épié par les fonctionnaires<br />
chinois. A certains jours fixés on l’assied sur son trône et il pose la<br />
main sur la tête des innombrables fidèles qui se présentent. Cette<br />
espèce de bénédictions se paye, et les offrandes apportées par les<br />
pèlerins venus de tous les coins du monde bouddhiste montent à des<br />
chiffres énormes. Cet argent est employé à l’entretien du grand<br />
prêtre et des couvents, mais une forte partie en reste entre les griffes<br />
des lamas de la cour ; ceux-ci font un grand commerce de prières et<br />
d’amulettes ; ils vendent jusqu’aux déjections de leur patron.<br />
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