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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
dont nous fûmes assez heureux pour nous procurer sept spécimens<br />
et deux nids. Malgré la haute situation, les mouches et les cousins<br />
abondent, et notre pauvre mouton, que nous avions appelé Égraï,<br />
parce que nous l’avions acheté au Thibet, devint la victime de ces<br />
insectes. Atteint de cécité, nous l’abandonnâmes dans la plaine ;<br />
aucun de nous n’eût voulu tuer ce vieux compagnon de voyage.<br />
En trois jours de marche nous nous rendîmes de l’Ara-gol à la<br />
Balema, distante d’environ soixante-huit kilomètres. Tantôt nous<br />
suivions les bords du lac, tantôt nous étions forcés de nous en<br />
éloigner, à cause des sables mouvants. A une petite distance de la<br />
Balema nous vîmes un temple entouré de plusieurs tentes noires,<br />
qu’occupaient des lamas tangouts et chinois.<br />
La flore du bassin du Koukou-nor ne brille pas par la diversité<br />
des espèces. Dans le lac flotte une sorte d’algue, et, sur ses bords,<br />
croissent le dyrissoun, la stipe orientale, l’oignon rose. Dans les<br />
sables profonds on remarque principalement la djouma (Potentilla<br />
anserina), petite herbacée appartenant à la famille des dryadées,<br />
qu’en France on appelle « argentine » ou « pimprenelle à cent<br />
feuilles ». Cette plante offre une racine globuleuse d’une saveur<br />
rappelant celle de la noisette. Cuite et assaisonnée de beurre et de<br />
sel, elle donne une nourriture très substantielle et d’un goût<br />
agréable ; c’est le mets favori des Tangouts, et nous-mêmes nous<br />
en avons mangé de grand appétit. Les faisans oreillards et les rats-<br />
taupes en sont aussi très gourmands.<br />
La Balema, que les Mongols appellent Kharghyn-gol, est, après<br />
le Boukhaïn-gol, le plus grand tributaire du Koukou-nor. Elle prend<br />
naissance dans la partie orientale du Nan-chan. et, quoique ayant<br />
de trente à quarante mètres de largeur, elle est presque partout<br />
guéable dans la saison des basses eaux. Elle est très poissonneuse<br />
dans sa partie inférieure ; aussi ses bords sont-ils fréquentés par<br />
les macreuses, les canards et les cormorans. Dans les marécages<br />
avoisinants nous avons surtout remarqué la bécassine à pieds<br />
rouges et l’oie sauvage. Cette dernière a été trouvée pour la<br />
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