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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
engageâmes dans un défilé qui sépare la grande chaîne d’un<br />
rameau tournant au nord-est. La montée et la descente étaient<br />
escarpées, mais le sentier était bien frayé, et, revenus dans la<br />
vallée du Dan-khé, nous y avons passé la nuit. A 3 kilomètres plus<br />
haut nous avons abandonné cette rivière pour suivre un de ses<br />
affluents, le Koukou-oussou, et nous sommes parvenus à une<br />
magnifique prairie arrosée de plusieurs ruisseaux et couverte d’une<br />
herbe succulente. Les bords du Koukou-oussou étaient garnis de<br />
tamarins, qui pouvaient nous fournir un bon combustible ; je<br />
résolus de nous y arrêter pour explorer la montagne.<br />
Deux cosaques allèrent avec les guides reconnaître la route ; ils<br />
revinrent le lendemain et nous dirent que les Mongols les avaient<br />
conduits jusqu’aux premiers campements de leurs congénères du<br />
Tsaïdam. Ce fut avec regret que ces gens nous quittèrent, après<br />
avoir reçu la récompense que nous leur avions promise.<br />
Iritchinof et Koloméitsef ne nous rejoignirent que le cinquième<br />
jour ; ils nous racontèrent qu’ils avaient suivi le Dan-khé sur une<br />
longueur de 100 verstes et que cette rivière coule tout le temps au<br />
pied de la gigantesque chaîne. Ils n’avaient pas pénétré jusqu’à la<br />
source, mais elle ne devait pas être bien loin. Ils avaient rencontré<br />
des Chinois, dont l’un parlait le mongol ; ces hommes exploitaient<br />
sans doute l’or en cachette. Ils avaient également vu des postes<br />
abandonnés et une petite forteresse qui autrefois avaient dû garder<br />
la route de Sa-tchéou aux mines. Ce Chinois leur avoua qu’on<br />
racontait que nous étions venus pour reconnaître les gisements<br />
d’or, et que c’était par ce motif que les autorités s’étaient efforcées<br />
de nous empêcher de pénétrer dans les montagnes. De plus on<br />
craignait de nous voir découvrir une nouvelle route pouvant<br />
permettre aux Russes d’entrer directement dans le Thibet, toujours<br />
mal soumis à l’empire Chinois. Cette dernière information était peu<br />
rassurante ; elle nous faisait prévoir de nouvelles difficultés lorsqu’il<br />
s’agirait de nous rendre à la capitale du Dalaï-lama.<br />
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