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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
novembre et ne dégèle qu’à la fin de mars : la glace y atteint 2<br />
pieds d’épaisseur et est généralement unie. A la fin de février on y<br />
voyait de longues crevasses de 1 à 2 pieds de largeur, au fond<br />
desquelles on apercevait l’eau.<br />
Une légende locale rappelle que le Koukou-nor était autrefois un<br />
lac souterrain situé juste sous la ville de p.076 Lhassa, et ce serait assez<br />
récemment qu’il est apparu à l’endroit qu’il occupe. Des deux îles<br />
rocheuses, la plus grande avait été apportée du Nan-Chan par un<br />
oiseau pour fermer le trou par lequel arrivait l’eau, sans quoi la terre,<br />
entière eût été inondée. La seconde île en granit est due à un malin<br />
esprit qui la laissa tomber de haut, dans l’espoir de briser la première,<br />
mais il n’y réussit pas. Celle-ci n’est point habitée ; au centre de la<br />
plus grande s’élève un temple que gardent quelques lamas vivant<br />
dans des grottes. Ces lamas ont des troupeaux de chèvres ; ils vivent<br />
aussi de ce que leur donnent les pèlerins qui viennent les visiter en<br />
hiver, en passant sur la glace ; en été, ils doivent être complètement<br />
isolés ; nous n’avons pas vu un seul bateau sur le lac.<br />
Le Koukou-nor ne reçoit que deux tributaires qui méritent d’être<br />
cités : le Boukhaïn-gol et la Balema ou Kharghyn-gol ; les autres,<br />
dont 23 descendent de la chaîne méridionale, sont très courts et<br />
n’ont d’eau que dans la saison des pluies. Les montagnes ceignent<br />
le lac de trois côtés, au sud, à l’est et au nord ; quant à la partie<br />
occidentale, elle est bornée par un vaste plateau accidenté que<br />
traverse le Boukhaïn-gol. Les montagnes du sud ne laissent entre<br />
elles et la rive qu’une étroite bande de steppes ; celles de l’est sont<br />
également très rapprochées ; il n’y a que celles du nord, rameau du<br />
Nan-Chan, qui laissent entre elles et le lac un assez large espace,<br />
sur lequel on remarque beaucoup de marécages analogues aux<br />
moto-chirik du Thibet. En été l’humidité est extrême, le reste de<br />
l’année est très sec ; au printemps soufflent de violents ouragans,<br />
et en hiver il fait très froid, mais il ne tombe que très peu de neige.<br />
On comprend qu’un pareil climat ne favorise pas la végétation ;<br />
dans la région occidentale on rencontre seulement le pin et le<br />
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