prospective et planification territoriales - La prospective
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72 TRAVAUX ET RECHERCHES DE<br />
PROSPECTIVE – N°24<br />
3, en donnant à un organisme susceptible de fédérer, la COPIT (?), la mission <strong>et</strong> les<br />
moyens pour animer un processus de proj<strong>et</strong> stratégique sans pour autant renoncer aux<br />
dossiers opérationnels, mais au contraire de rechercher leurs interactions avec la réflexion<br />
<strong>prospective</strong> à plus long terme ?<br />
L’exemple du schéma directeur de l’agglomération lilloise illustre également le débat<br />
actuel qui affectera un grand nombre de SCOT, la ville renouvelée opposée à l’étalement<br />
urbain.<br />
Le schéma propose une option résolument volontariste : « <strong>La</strong> volonté du schéma directeur<br />
est un renversement de tendance. Il propose une utilisation systématique du tissu urbain<br />
existant, l’objectif est de réaliser les deux-tiers de la construction dans le tissu urbain<br />
existant… »<br />
C<strong>et</strong>te option de priorité au renouvellement urbain préfigurait les dispositions de la loi SRU.<br />
Elle appelle de nombreuses interrogations sur les hypothèses (ni explicites, ni par<br />
conséquent débattues) démographiques, économiques <strong>et</strong> sociétales susceptibles de la fonder.<br />
C’est de moins en moins la volonté publique qui modèle l’espace <strong>et</strong> de plus en plus les<br />
processus sociétaux. Les acteurs publics sont amenés à réguler, à se déterminer par rapport<br />
aux besoins là où ils apparaissent avec une capacité de <strong>planification</strong> affaiblie.<br />
C<strong>et</strong> affaiblissement perm<strong>et</strong>-il encore de m<strong>et</strong>tre en avant un discours fort, mais pas forcément<br />
réaliste ni accepté par les « citoyens-usagers », au risque de se voir démenti par le cours<br />
des choses ? Ou ne vaut-il pas mieux m<strong>et</strong>tre en débat les hypothèses <strong>et</strong> les options, au<br />
risque, c<strong>et</strong>te fois, d’une remise en question de volontés solidement ancrées dans le<br />
développement durable ? Questionnement complexe <strong>et</strong> difficile à apprécier localement. <strong>La</strong><br />
<strong>prospective</strong> pourrait s’avérer comme un outil remarquable pour le débat public, au sens<br />
d’une ouverture aux options <strong>et</strong> de choix multiples pour le décideur.<br />
Le SD de l’agglomération lilloise, attaqué quatre fois par quatre associations de défense de<br />
l’environnement, m<strong>et</strong> en avant un questionnement central pour les SCOT. Peut-on<br />
poursuivre l’option d’une élaboration traditionnelle, arrêter le proj<strong>et</strong> puis sur c<strong>et</strong>te base<br />
ouvrir la concertation ou, rem<strong>et</strong>tre en question c<strong>et</strong>te méthode <strong>et</strong> engager un processus<br />
d’élaboration-participation qui intègre le débat avec la société civile sur les hypothèses <strong>et</strong><br />
sur les choix à faire pour le long terme ?<br />
<strong>La</strong> loi SRU perm<strong>et</strong> de poser les termes de ce choix. Il s’agit d’une évolution sociétale<br />
majeure.<br />
• Enfin, les analyses partielles sur la base de documents <strong>et</strong> de trop rares entr<strong>et</strong>iens,<br />
devraient être resituées dans leur contexte politique <strong>et</strong> institutionnel pour véritablement<br />
faire sens. L’importance du politique, notamment, est soulignée de la façon la plus<br />
éclairante par l’intervention de Patrick Rimbert 50 (maire-adjoint de Nantes) : « Le rôle<br />
d’un élu n’est-il pas de penser <strong>et</strong> d’avoir envie d’avenir, sur Nantes certes mais aussi<br />
sur la responsabilité de la ville de Nantes par rapport à son territoire. Et nous sommes<br />
ambitieux comme les marins car nous savons où nous allons. Nous sommes modestes<br />
car, comme les marins, nous savons que le vent existe <strong>et</strong> que quelquefois quand le vent<br />
est contraire, c’est quatre fois le temps <strong>et</strong> trois fois la route. Mais nous savons où nous<br />
allons ! ».<br />
50 Déclaration citée en exergue de l’ouvrage (à paraître), L’urbanisme des modes de vie (DGUHC, Ariella<br />
Masboungi).