prospective et planification territoriales - La prospective
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PROSPECTIVE ET PLANIFICATION TERRITORIALES<br />
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grande échelle » suggère la définition de la notion de proj<strong>et</strong> urbain de la DGUHC (présentée<br />
dans le glossaire des mots-clefs) avec le risque, en l’absence d’expérimentation, de<br />
confusion entre les registres de la <strong>planification</strong> spatiale <strong>et</strong> du proj<strong>et</strong> urbain.<br />
C<strong>et</strong>te tendance est portée par un courant actuel de l’évolution de la société. <strong>La</strong> perspective<br />
est stimulante, l’approche n’a jamais été menée en France à son terme. Bernardo Secchi a<br />
cherché à expérimenter le proj<strong>et</strong> à grande échelle (cf. encadré ci-après). L’un de ces proj<strong>et</strong>s a<br />
été le Salento, une région du sud de l’Italie.<br />
Encadré n°5 : Proj<strong>et</strong> urbain, <strong>prospective</strong> <strong>et</strong> « ville diffuse » (Bernardo Secchi)<br />
Ce concepteur tente d’expérimenter les principes du proj<strong>et</strong> urbain appliqués aux<br />
grandes échelles en s’attaquant à la question de l’organisation de la « ville<br />
diffuse 53 », c<strong>et</strong>te « nébuleuse de p<strong>et</strong>ites maisons avec jardin…, qui se distribuent<br />
sur le territoire apparemment sans aucune direction principale » <strong>et</strong> qui « produisent<br />
un environnement dans lequel on vit comme des urbains dispersés, dans lequel<br />
surtout on ne vit pas comme des ruraux ». Ce type de territoire s’est constitué en<br />
« rupture de l’histoire de la ville européenne » à partir des années 50 ou 60 selon le<br />
pays <strong>et</strong> touche massivement une grande partie de l’Europe (notamment la Belgique,<br />
une bonne partie de la Hollande, une partie de la vallée du Rhin <strong>et</strong> de l’Allemagne,<br />
au Portugal, en Grèce, en Italie, en Catalogne <strong>et</strong> dans le Pays Basque, dans<br />
plusieurs régions françaises).<br />
B. Secchi s’intéresse à l’avenir de ces villes, cherche à les penser en termes de<br />
proj<strong>et</strong>, à dessiner c<strong>et</strong>te forme de ville pour « la remplir de proj<strong>et</strong>s ». Il propose<br />
clairement une approche <strong>prospective</strong> qu’il oppose à la démarche de l’urbaniste :<br />
« autrefois l’urbaniste partait d’une série de prévisions ; il avait l’idée qu’on<br />
pouvait prévoir le futur dans deux sens : savoir à l’avance ce qui arriverait <strong>et</strong><br />
construire un futur. Construire des scénarios veut dire autre chose, ne pas prévoir<br />
mais se poser la question « qu’est-ce qui arriverait si ? Estimer alors les<br />
conséquences <strong>et</strong> en débattre. » Le débat est mené avec les habitants <strong>et</strong> les<br />
décideurs, notamment les élus locaux : « il faut que les habitants de la ville diffuse<br />
soient mis devant leurs responsabilités <strong>et</strong> donc leur laisser la possibilité de choisir<br />
eux-mêmes. »<br />
<strong>La</strong> position de B. Secchi va loin. Non pas améliorer la qualité des prévisions, mais<br />
expérimenter le dialogue <strong>et</strong> le débat, avec les énormes difficultés <strong>et</strong> ambiguïtés<br />
que cela suppose, pour m<strong>et</strong>tre les habitants <strong>et</strong> leurs élus en situation de poser les<br />
choix du futur pour lesquels ils sont impliqués.<br />
<strong>La</strong> question centrale est « Quel monde futur voulons-nous ? » <strong>et</strong> non « Comment<br />
lutter contre l’extension de la cité diffuse au nom du développement durable ? ». Il<br />
s’agit de changer de paradigme.<br />
53 Compte-rendu d’une séance de l’atelier « 5 à 7 », organisé par le Club Ville Aménagement « Comment agir sur ˝la citta<br />
diffusa˝ », 24 avril 2002. Les citations sont extraites de la restitution de la conférence de Bernardo Secchi.