prospective et planification territoriales - La prospective
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PROSPECTIVE ET PLANIFICATION TERRITORIALES<br />
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- une action publique dans le registre spatial de moins en moins structurante pour les<br />
enjeux de société, avec pour corollaire le sentiment d’une nécessité de redresser le<br />
tir, voire de changer de politique ;<br />
- des politiques publiques perçues, dans de nombreuses situations, au travers<br />
d’inconvénients de plus en plus inacceptables pour l’opinion publique,<br />
- une visibilité brouillée de l’avenir <strong>et</strong> de l’impact de l’action sur c<strong>et</strong> avenir (il n’est<br />
plus tout à fait possible de lire le futur par extrapolation des tendances en cours) ;<br />
- des modes de régulation de la société (<strong>et</strong> de l’action publique) de plus en plus<br />
tributaires des facteurs sociétaux, économiques, écologiques <strong>et</strong> de facteurs exogènes<br />
(ou de contexte) au territoire (mondialisation, nouveau paradigme technologique,<br />
voire conséquences d’une transformation d’un nouvel ordre mondial) ;<br />
- une notion d’intérêt général implosée ou en cours de recomposition qui rendra plus<br />
opérationnel <strong>et</strong> plus concr<strong>et</strong> la notion de développement durable, dans le cadre du<br />
débat public <strong>et</strong> d’une démocratie plus participative. « <strong>La</strong> démocratie participative<br />
conciliée à la démocratie représentative, devient donc indispensable pour dégager<br />
un intérêt général 57 ».<br />
De façon générale, les certitudes prévisionnelles <strong>et</strong> fonctionnelles des années 60 à 80/90, la<br />
confiance dans les avis d’expert, se sont considérablement affaiblies.<br />
Les évolutions ont miné les certitudes <strong>et</strong> ont brouillé le cap final (les finalités à long terme<br />
de la <strong>planification</strong> des années 70 <strong>et</strong> 80) pour rendre obsolète la destination du long terme. <strong>La</strong><br />
notion de « la meilleure route possible en fonction des vents <strong>et</strong> des courants du moment »<br />
fondant l’idée d’un processus de « management stratégique » appuyé sur un document de<br />
« <strong>planification</strong> stratégique », a le plus souvent été abandonnée pour de la navigation à vue.<br />
C<strong>et</strong>te perte de points de repère nécessaires pour fonder des stratégies est largement induite<br />
par une autonomisation de la société <strong>et</strong> du sociétal par rapport aux cadres de l’action<br />
collective publique. De moins en moins les acteurs, notamment institués, les élus <strong>et</strong> les<br />
administrations, fixent les orientations <strong>et</strong> les modalités d’exécution en se servant de l’espace<br />
aménagé ou aménageable comme levier de l’action. De plus en plus, la société civile, à<br />
travers ses pratiques <strong>et</strong> ses comportements, « produit » l’espace <strong>et</strong> génère des conduites <strong>et</strong><br />
des jeux d’acteurs dans le champ collectif. Il s’agit d’un renversement progressif de la<br />
source de la dynamique collective. Du même coup, un nombre croissant d’acteurs publics,<br />
d’élus mais aussi de techniciens de l’aménagement, perdent leurs certitudes <strong>et</strong> leur<br />
assurance, ont l’impression d’un horizon flou, insaisissable, <strong>et</strong> se posent la question de la<br />
pertinence de leur action. Où va la société ? Que veut-t-elle ? Telles sont les nouvelles<br />
questions pour ces acteurs.<br />
A cela s’ajoutent les immenses potentiels de changement des facteurs d’environnement<br />
contextuel, l’arrivée à maturité d’un nouveau système technique <strong>et</strong> organisationnel dans le<br />
champ de l’économie <strong>et</strong> l’eff<strong>et</strong> des désordres éco-systémiques planétaires engendrés par<br />
l’activité humaine. L’époque contemporaine est caractérisée par des crises de structure <strong>et</strong> de<br />
représentation qui brouillent les pistes <strong>et</strong> les systèmes de référence.<br />
57 Avis du Conseil Economique <strong>et</strong> Social, « Environnement <strong>et</strong> développement durable. L’indispensable<br />
mobilisation des acteurs économiques <strong>et</strong> sociaux », présenté par M. Claude Martinand, édition des journaux<br />
officiels, 2003.