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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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104 Nicolas Baumard<br />

démarche évolutionniste distingue en effet le niveau évolutionnaire du niveau<br />

psychologique. Il est ainsi possible qu’un comportement soit avantageux pour<br />

l’individu au niveau évolutionnaire, mais que le comportement <strong>de</strong> ce même<br />

individu, au niveau psychologique, ne vise pas ses intérêts propres, mais le<br />

respect <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s autres.<br />

Comment est-ce possible La théorie évolutionniste part du fait qu’il est<br />

avantageux pour les individus <strong>de</strong> collaborer avec les autres (pour chasser, se<br />

protéger, s’assister mutuellement pendant les pério<strong>de</strong>s difficiles, etc.). Dans<br />

ce contexte, chaque individu cherche les meilleurs partenaires avec lesquels<br />

collaborer. On peut se représenter une telle situation sous la forme d’un marché<br />

<strong>de</strong> l’emploi ou d’un « marché <strong>de</strong> l’entrai<strong>de</strong> » où chacun est à la fois offreur et<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’entrai<strong>de</strong> (sur la notion <strong>de</strong> marché en théorie <strong>de</strong> l’évolution, voir<br />

Noe & Hammerstein, 1995).<br />

Sur ce marché, les individus recherchent les individus les plus forts, les plus<br />

intelligents, les plus compétents, mais également ceux qui partagent les coûts et<br />

les bénéfices <strong>de</strong> la manière la plus avantageuse. Le marché <strong>de</strong> l’entrai<strong>de</strong> donne<br />

donc un avantage aux individus « moraux », ceux qui par exemple partagent<br />

les produits <strong>de</strong> la chasse <strong>de</strong> manière équitable (en fonction <strong>de</strong> l’apport <strong>de</strong><br />

chacun). Ces individus sont non seulement meilleurs que les individus égoïstes<br />

(avec qui il n’est pas intéressant <strong>de</strong> coopérer parce qu’ils cherchent à vous<br />

exploiter), mais aussi que les individus altruistes (qui, au contraire, se feront<br />

exploiter par leurs partenaires). Une disposition psychologique, se comporter<br />

spontanément <strong>de</strong> manière équitable, serait ainsi avantageuse pour une espèce<br />

pour les actions collectives jouent un rôle central.<br />

Si la morale a évolué pour l’avantage <strong>de</strong>s individus, cela signifie-t-il qu’en<br />

agissant moralement, nous visons notre intérêt propre Rien ne serait plus<br />

faux. Considérons pour le comprendre notre goût pour le sucre. Il est dans<br />

notre intérêt <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s aliments sucrés comme les fruits. Par ailleurs, nous<br />

apprécions le goût sucré pour lui-même. Tout se passe donc comme si nous<br />

mangions <strong>de</strong>s aliments sucrés pour leurs qualités nutritives. Ce n’est pourtant<br />

pas le cas. Il n’est pas besoin <strong>de</strong> connaître le rôle <strong>de</strong>s gluci<strong>de</strong>s pour avoir envie<br />

<strong>de</strong> manger sucré. Ce rapport entre les qualités nutritives <strong>de</strong>s gluci<strong>de</strong>s sucre et<br />

notre appétence pour les aliments qui en contiennent le plus n’a évi<strong>de</strong>mment<br />

rien <strong>de</strong> fortuit. Il s’agit d’une adaptation à l’environnement ancestral (où la<br />

production industrielle <strong>de</strong> sucre était absente). Dans le passé <strong>de</strong> notre espèce<br />

(et <strong>de</strong> nombreuses autres qui apprécient le goût du sucre), les individus<br />

présentant une disposition innée à aimer le sucré choisissaient <strong>de</strong>s aliments<br />

plus riches en énergie. Ils vivaient donc mieux, plus longtemps et avaient plus<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>scendants qui, à leur tour, possédaient ce goût pour le sucré.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

On peut donc analyser un même phénomène (notre goût pour le sucre) à<br />

<strong>de</strong>ux niveaux, au niveau évolutionnaire (les intérêts) et au niveau psychologique<br />

(les jugements). Au niveau évolutionnaire, nous avons une disposition

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