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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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94 Dalida Bovet<br />

& Clayton, 2001). Des geais à gorge blanche ont tout d’abord l’occasion d’observer<br />

<strong>de</strong>s congénères cachant <strong>de</strong> la nourriture. Les sujets sont ensuite divisés<br />

en <strong>de</strong>ux groupes : l’un <strong>de</strong> ces groupes (geais dits « chapar<strong>de</strong>urs ») peut piller<br />

les caches <strong>de</strong>s congénères observés, tandis que l’autre (geais dits « honnêtes »)<br />

en est empêché. Dans la phase <strong>de</strong> test, tous reçoivent <strong>de</strong> la nourriture et ont à<br />

leur disposition <strong>de</strong>s bacs à glaçons remplis <strong>de</strong> sable pour leur permettre d’y<br />

cacher <strong>de</strong> la nourriture ; certains sont observés par d’autres geais pendant<br />

qu’ils cachent, tandis que les autres sont seuls. Trois heures plus tard, les geais<br />

observateurs sont retirés et les sujets reçoivent un nouveau bac à glaçons. On<br />

observe que les oiseaux « chapar<strong>de</strong>urs », ayant déjà pillé les caches <strong>de</strong>s autres,<br />

vont être méfiants et recacher leur nourriture s’ils ont été observés lors <strong>de</strong> leur<br />

première cache, tandis que parmi les geais <strong>de</strong> l’autre groupe, « honnêtes » puisque<br />

n’ayant jamais eu l’occasion <strong>de</strong> piller les caches <strong>de</strong>s autres, très peu recachent<br />

leur nourriture (qu’ils aient été observés ou non). Il semblerait donc ici que<br />

les geais « chapar<strong>de</strong>urs » attribuent à leur congénères à la fois une intention<br />

(ils vont piller la nourriture cachée) et un savoir (ils savent où elle est quand<br />

ils étaient présents au moment où elle était cachée). Leur comportement n’est<br />

pas purement instinctif puisque seuls les geais ayant eux-mêmes eu l’occasion<br />

<strong>de</strong> chapar<strong>de</strong>r se méfient <strong>de</strong>s autres.<br />

En résumé, l’attribution <strong>de</strong> perception semble être atteinte par les singes<br />

anthropoï<strong>de</strong>s mais aussi par d’autres espèces : chiens (chez lesquels ces performances<br />

sont probablement liées à la domestication), éléphants, corvidés.<br />

L’attribution d’intention n’a été clairement observée que chez <strong>de</strong>s singes<br />

anthropoï<strong>de</strong>s, tandis que l’attribution <strong>de</strong> savoir ou <strong>de</strong> croyances n’a été vraiment<br />

démontrée chez aucune espèce non humaine 7 . Les corvidés montrent<br />

<strong>de</strong>s performances intrigantes dans <strong>de</strong>s tests liés au fait <strong>de</strong> cacher <strong>de</strong> la nourriture,<br />

mais ce comportement est probablement en partie génétiquement<br />

prédéterminé (bien qu’ils fassent preuve d’une gran<strong>de</strong> flexibilité en fonction<br />

<strong>de</strong>s circonstances) : les corvidés sont peut-être capables d’attribuer un savoir<br />

dans <strong>de</strong>s circonstances très précises et significatives du point <strong>de</strong> vue écologique<br />

(cache <strong>de</strong> nourriture), mais non dans d’autres circonstances (<strong>de</strong> même qu’il est<br />

possible que les poissons soient capables d’une forme <strong>de</strong> raisonnement transitif<br />

pour en déduire les rangs relatifs <strong>de</strong> leurs congénères, mais ne raisonnent pas<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

7. La majorité <strong>de</strong>s expériences sur l’attribution <strong>de</strong> savoir ou <strong>de</strong> croyances portent sur<br />

<strong>de</strong>s singes, mais il est à noter que récemment, les chercheurs ont commencé à élargir<br />

la question à d’autres espèces animales. Une expérience a ainsi été réalisée avec <strong>de</strong>s<br />

porcs domestiques où ils <strong>de</strong>vaient choisir <strong>de</strong> suivre l’un <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>ux voisins <strong>de</strong><br />

box (Held et al., 2001). À travers la paroi <strong>de</strong> son box, le sujet pouvait voir que l’un<br />

<strong>de</strong> ses voisins (mais pas l’autre) détenait <strong>de</strong>s informations pertinentes (i.e. il a pu<br />

observer où l’expérimentateur cachait la nourriture). Un seul <strong>de</strong>s 10 porcs testés a<br />

significativement choisi <strong>de</strong> suivre le voisin informé. Il serait nécessaire <strong>de</strong> refaire cette<br />

expérience afin <strong>de</strong> vérifier si cet individu (ou d’autres) réalise à nouveau <strong>de</strong> telles<br />

performances.

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