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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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206 Anne Reboul<br />

Théories <strong>de</strong> la catégorisation et <strong>de</strong> la conceptualisation<br />

La littérature sur la catégorisation et sur les concepts, notamment la littérature<br />

psychologique, souffre fréquemment d’un manque <strong>de</strong> précision terminologique,<br />

consistant à utiliser plus ou moins indifféremment les termes catégorie et<br />

concept. Dans ce qui suit, j’utiliserai la terminologie suivante :<br />

– catégorie désignera l’ensemble <strong>de</strong>s objets tombant sous le concept, ou, si<br />

l’on préfère, son extension ;<br />

– concept désignera la contrepartie mentale (sur la nature <strong>de</strong> laquelle je<br />

reviendrai plus bas) <strong>de</strong> la catégorie.<br />

On peut distinguer <strong>de</strong>ux grands types <strong>de</strong> théorie <strong>de</strong> la catégorisation et <strong>de</strong><br />

la conceptualisation selon la façon dont elles envisagent la nature <strong>de</strong>s concepts :<br />

– les théories par traits : elles font l’hypothèse que le concept est un ensemble<br />

<strong>de</strong> traits qui consistent en un ensemble <strong>de</strong> conditions individuellement<br />

nécessaires et conjointement suffisantes (c’est la théorie <strong>de</strong>s conditions<br />

nécessaires et suffisantes, généralement attribuée à Aristote, 2004) ; ou dont<br />

la possession au moins partielle par un individu donné constitue un<br />

indice <strong>de</strong> son appartenance probable à la catégorie en question (théorie<br />

du prototype, cf. Rosch, 1999) ;<br />

– les théories atomistes, selon lesquelles un concept est : une entité mentale<br />

indécomposable liée <strong>de</strong> façon nomologique à la catégorie correspondante<br />

(en d’autres termes, quelque chose comme un symbole mental : c’est la<br />

position <strong>de</strong> Fodor (1998) ; ou une capacité <strong>de</strong> ré-i<strong>de</strong>ntification : c’est celle<br />

<strong>de</strong> Millikan (2000). La notion <strong>de</strong> ré-i<strong>de</strong>ntification (ou <strong>de</strong> co-i<strong>de</strong>ntification)<br />

correspond au fait <strong>de</strong> reconnaître un individu soit comme étant le même<br />

qu’un individu préalablement i<strong>de</strong>ntifié, soit comme appartenant à une<br />

catégorie déjà i<strong>de</strong>ntifiée.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

L’approche <strong>de</strong>s concepts, et notamment <strong>de</strong> leur acquisition, est très différente<br />

selon que l’on adopte une position qui se rattache au premier groupe ou<br />

une position qui se rattache au second. On remarquera en effet que le premier<br />

groupe, basant la notion <strong>de</strong> concept sur celle <strong>de</strong> trait, fait la prédiction que la<br />

détection <strong>de</strong>s traits précè<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong>s concepts. Le second groupe,<br />

par contraste, prédit (explicitement : Fodor, 1998 ; Millikan, 2000) que l’assignation<br />

d’un objet à une catégorie (ou son i<strong>de</strong>ntification comme tombant sous un<br />

concept donné) ne dépend pas <strong>de</strong> la détection chez cet objet <strong>de</strong> tel ou tel trait.<br />

Ni Fodor ni Millikan ne sont explicites sur ce qui permet la catégorisation : chez<br />

Fodor, la précision semble inutile, dans la mesure où un lien nomologique ne<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas d’explication ; chez Millikan, où le concept est supposé être une<br />

capacité <strong>de</strong> ré-i<strong>de</strong>ntification, on aurait peut-être pu s’attendre à plus <strong>de</strong> détails,<br />

mais elle n’en donne pas. Le développement sur les préférences perceptuelles<br />

dans le présent paragraphe est précisément <strong>de</strong>stiné à répondre à cette question.<br />

Ces <strong>de</strong>ux prédictions peuvent directement être rapportées à la discussion faite

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