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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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248 Karim N’Diaye<br />

pu tirer un certain nombre d’observations assez importantes pour la question<br />

<strong>de</strong> l’évolution du cerveau et <strong>de</strong> la cognition (Vallen<strong>de</strong>r, Mekel-Bobrov, & Lahn,<br />

2008). D’une part, les mutations semblent s’être davantage accumulées dans<br />

la branche humaine que dans la branche <strong>de</strong>s chimpanzés. Mais si l’on considère<br />

les gènes plus spécifiquement impliqués dans le système nerveux, au<br />

contraire, on mesure qu’ils sont beaucoup plus stables que les autres régions<br />

du génome. Cela illustre l’importance <strong>de</strong> la pression évolutive exercée sur les<br />

circuits nerveux et cérébraux : la moindre mutation <strong>de</strong> ces gènes peut avoir<br />

<strong>de</strong>s conséquences très négatives sur la survie <strong>de</strong> l’individu. Enfin, <strong>de</strong> façon<br />

sporadique, il existe certains gènes pour lesquels le taux <strong>de</strong> mutation a été plus<br />

élevé que dans le reste du génome (Dorus et al., 2004). On dit <strong>de</strong> ces gènes<br />

qu’ils portent la trace d’une sélection positive, l’idée étant que l’apparition<br />

<strong>de</strong> ces gènes chez certains individus leur confère un avantage nouveau tel<br />

que par <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> type course aux armements, il va évoluer assez<br />

rapi<strong>de</strong>ment avant <strong>de</strong> se répandre dans la population.<br />

La question qui se pose à l’issue <strong>de</strong> telles analyses est donc <strong>de</strong> comprendre le<br />

rôle <strong>de</strong> ces gènes dans la circuiterie cérébrale. Et c’est là la principale difficulté :<br />

pour la majorité d’entre eux, la seule chose que l’on sait, c’est que les protéines<br />

qu’ils produisent sont utilisées dans la construction ou le métabolisme du<br />

cerveau. Toutefois, pour <strong>de</strong> rares exemples, on dispose d’éléments plus précis.<br />

Les cas les plus étudiés sont sans doute les gènes MCPH et ASPM impliqués<br />

dans la microcéphalie et le gène FOXP2 pour son éventuel rôle dans le langage.<br />

En effet, pour ces <strong>de</strong>ux ensembles <strong>de</strong> gènes, on dispose <strong>de</strong> cas pathologiques<br />

d’individus chez qui ces gènes sont dysfonctionnels. Dans le cas <strong>de</strong> MCPH et<br />

ASPM, les individus porteurs <strong>de</strong> versions altérées <strong>de</strong> ces gènes présentent une<br />

microcéphalie, c’est-à-dire un cerveau <strong>de</strong> taille anormalement petite (équivalent<br />

à un cerveau <strong>de</strong> chimpanzé), un retard mental prononcé et parfois d’autres<br />

handicaps mentaux et physiques. Ces observations couplées avec le fait que<br />

ces gènes ont subi une sélection positive au cours <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s primates<br />

puis <strong>de</strong>s hominidés amènent un certain nombre d’auteurs à envisager qu’ils ont<br />

pu contribuer à l’encéphalisation <strong>de</strong> la lignée humaine. Mais, faute <strong>de</strong> données<br />

plus précises sur leur action au sein du système nerveux, ces conclusions restent<br />

pour l’instant relativement spéculatives (Ponting & Jackson, 2005).<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Le cas du gène FOXP2 repose sur <strong>de</strong>s éléments analogues. D’une part, <strong>de</strong>s<br />

mutations du gène se manifestent par <strong>de</strong>s difficultés marquées dans la production<br />

et la compréhension du langage (problèmes d’articulation, grammaire) et,<br />

d’autre part, ce gène est resté relativement stable jusqu’à la divergence chimpanzé/humains<br />

à partir <strong>de</strong> laquelle une série <strong>de</strong> mutations sont intervenues<br />

dans la branche humaine et s’y sont répandues il y a moins <strong>de</strong> 200 000 ans. Qui<br />

plus est, sur le plan neurobiologique, les individus porteurs <strong>de</strong> ces mutations<br />

présentent, entre autres, <strong>de</strong>s anomalies subtiles au niveau <strong>de</strong> l’aire <strong>de</strong> Broca et<br />

<strong>de</strong>s régions impliquées dans le <strong>contrôle</strong> moteur fin. Enfin, chez certains oiseaux<br />

chanteurs, le gène est exprimé spécifiquement dans <strong>de</strong>s régions impliquées

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