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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Neurosciences cognitives et évolution<br />

237<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s visages est une question historiquement importante<br />

<strong>de</strong>s neurosciences cognitives car ce processus est souvent décrit comme<br />

un cas paradigmatique <strong>de</strong> processus modulaire (Kanwisher, 2000). D’une part,<br />

la perception <strong>de</strong>s visages est particulièrement sélective : il est ainsi très difficile<br />

<strong>de</strong> reconnaître un visage présenté à l’envers ou en contraste inversé. De plus,<br />

cette expertise est sélective car elle semble cantonnée à la catégorie <strong>de</strong>s visages :<br />

bien qu’avoir vu un visage une fois peut suffire à le reconnaitre dans le futur,<br />

nous sommes beaucoup moins aptes à mémoriser en une fois et dans ses détails<br />

une image autre alors que, paradoxalement, nous sommes beaucoup moins<br />

perturbés par les effets d’inversion mentionnés précé<strong>de</strong>mment. La perception<br />

<strong>de</strong>s visages est aussi un phénomène très rapi<strong>de</strong> et automatique : un visage<br />

peut être détecté en moins <strong>de</strong> 100 ms et les mesures en EEG montrent que la<br />

reconnaissance <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité a lieu dès 170 ms (Jacques & Rossion, 2006). Enfin,<br />

c’est une faculté qui se développe <strong>de</strong> façon universelle, spontanément et qui<br />

semble même présente <strong>de</strong> façon élémentaire dès la naissance (Sugita, 2008).<br />

Récemment, une étu<strong>de</strong> d’imagerie cérébrale comparant jumeaux monozygotes<br />

(ayant le même bagage génétique) et jumeaux dizygotes (qui, tout comme<br />

les autres enfants d’une même fratrie, ne possè<strong>de</strong>nt que 50 % <strong>de</strong> gènes en<br />

communs) a montré qu’il existait bien une base génétique dans l’établissement<br />

<strong>de</strong>s circuits cérébraux impliqués dans le traitement <strong>de</strong> stimuli écologiques<br />

(comme les visages) mais qu’au contraire, le traitement d’objets visuels <strong>de</strong><br />

nature culturelle (tels que les mots) semblait beaucoup moins influencé par le<br />

bagage génétique (Polk, Park, Smith, & Park, 2007).<br />

Malgré le débat persistant sur la contribution <strong>de</strong>s facteurs environnementaux<br />

et génétiques dans le développement du circuit cérébral <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s<br />

visages, les nombreuses étu<strong>de</strong>s en psychologie expérimentale, en neuropsychologie<br />

ou en imagerie cérébrale semblent confirmer l’idée que ce circuit, au<br />

cœur duquel se trouve la FFA, représente une réponse adaptative au mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> vie social <strong>de</strong>s primates. Après <strong>de</strong> nombreux travaux montrant que chez<br />

les primates non-humains, les réponses aux visages présentaient <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

équivalentes aux performances humaines (Pascalis & Kelly, 2009),<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus récentes chez le macaque ont mis en évi<strong>de</strong>nce une région<br />

fonctionnellement homologue à la FFA humaine, dans laquelle plus <strong>de</strong> 90 %<br />

<strong>de</strong>s neurones présentent cette sélectivité aux visages (Tsao & Livingstone,<br />

2008). Tous ces éléments laissent donc penser que le circuit <strong>de</strong> la perception<br />

<strong>de</strong>s visages représente un cas relativement soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> module cérébral dédié à<br />

une tâche bien particulière, la reconnaissance <strong>de</strong>s individus (Pascalis & Kelly,<br />

2009). Les métho<strong>de</strong>s employées dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s visages<br />

servent aussi <strong>de</strong> modèles pour explorer d’autres canaux par lesquels transite<br />

l’information sociale. Ainsi, une aire particulièrement impliquée dans l’i<strong>de</strong>ntification<br />

<strong>de</strong>s silhouettes <strong>de</strong> corps humains a été caractérisée à proximité <strong>de</strong><br />

régions visuelles sensibles à la perception du mouvement (Downing, Jiang,<br />

Shuman, & Kanwisher, 2001) tandis qu’en modalité auditive, <strong>de</strong> récentes étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong>

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