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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Neurosciences cognitives et évolution<br />

229<br />

l’individu qui porte ces gènes. En principe, seul le génotype est héritable, le<br />

phénotype est lui le résultat <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s gènes mais aussi <strong>de</strong> l’influence<br />

<strong>de</strong> l’environnement dans lequel s’expriment ces gènes tout au long <strong>de</strong> la vie<br />

<strong>de</strong> l’individu. Par exemple, certains gènes favorisent une gran<strong>de</strong> taille, mais si<br />

un enfant est sévèrement malnutri, il n’aura pas une croissance normale et son<br />

phénotype ne sera pas particulièrement marqué par une gran<strong>de</strong> taille malgré<br />

<strong>de</strong>s gènes favorisant une gran<strong>de</strong> taille. Contrairement à la vision populaire <strong>de</strong><br />

ces questions, les biologistes <strong>de</strong> l’évolution ont abandonné les notions d’inné et<br />

d’acquis car elles ne reflètent pas la complexité <strong>de</strong>s interactions entre le bagage<br />

génétique et l’environnement qui se produisent au cours du développement<br />

d’individu jusqu’au sta<strong>de</strong> adulte. Au contraire, l’approche la plus courante en<br />

ce domaine est fondamentalement statistique : il s’agit <strong>de</strong> rechercher, à l’échelle<br />

d’une population d’individus, quelle est la part <strong>de</strong>s variations observées qui<br />

est due à <strong>de</strong>s différences génétiques et la part due à <strong>de</strong>s effets non-génétiques.<br />

Par exemple, dans un groupe humain, si l’on observe <strong>de</strong>s différences dans<br />

la taille, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r dans quelle mesure la présence <strong>de</strong> tel ou tel<br />

gène permet d’expliquer ces différences phénotypiques. La part <strong>de</strong> l’hérédité<br />

génétique dans la variance d’un trait est ce qu’on appelle l’héritabilité (voir<br />

aussi chapitre 2).<br />

S’agissant <strong>de</strong> l’influence du génotype sur les caractéristiques anatomiques<br />

du cerveau, on estime aujourd’hui que la part d’héritabilité dans le volume<br />

cérébral s’échelonne <strong>de</strong> 66 % à 94 % en fonction <strong>de</strong>s paramètres anatomiques<br />

choisis et <strong>de</strong>s populations étudiées (Winterer & Goldman, 2003). Ainsi donc, les<br />

données génétiques dont on dispose permettent <strong>de</strong> penser que certains gènes<br />

ou combinaisons <strong>de</strong> gènes influencent directement la taille du cerveau. Mais<br />

pour établir que l’encéphalisation correspond à une évolution adaptative, il<br />

reste encore à montrer que 1) ces différences anatomiques se traduisent aussi<br />

par <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> fitness, en l’occurrence par <strong>de</strong>s différences d’aptitu<strong>de</strong>s<br />

cognitives entre individus et 2) que celles-ci sont elles-mêmes héritables. À<br />

ce sta<strong>de</strong>, la mesure la plus étudiée dont on dispose concernant les capacités<br />

cognitives humaines est le facteur g, qui est un indice quantitatif du quotient<br />

intellectuel introduite par Spearman (1904). Malgré toutes les critiques, justifiées,<br />

que l’on peut faire quant au caractère réducteur et biaisé du facteur g, il<br />

permet au moins d’évaluer l’héritabilité pour les formes d’intelligence qu’il<br />

mesure (notamment dans le domaine visuo-spatial et dans les raisonnements<br />

logico-déductifs) : les analyses récentes ont essentiellement confirmé les résultats<br />

<strong>de</strong> 30 ans <strong>de</strong> recherche sur la question en concluant à <strong>de</strong>s valeurs d’héritabilité<br />

dépassant 30 % (Devlin, Daniels, & Roe<strong>de</strong>r, 1997). Ce chiffre traduit donc une<br />

incontestable contribution génétique à ce trait psychologique (Deary, Spinath,<br />

& Bates, 2006). Par ailleurs, dans la population humaine mo<strong>de</strong>rne, on observe<br />

une assez forte corrélation entre la taille du cerveau et le facteur g, <strong>de</strong> l’ordre<br />

<strong>de</strong> r ~ 40 %. Malgré leurs limitations (comme le fait qu’il est difficile d’i<strong>de</strong>ntifier<br />

l’influence d’autres facteurs génétiques (Schoenemann, 2006), ce type<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong>

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