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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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La psychiatrie darwinienne<br />

63<br />

l’artificialité <strong>de</strong>s classifications du DSM. Mais beaucoup, en particulier les<br />

darwiniens, parient que l’on parviendra à rendre les diagnostics existants plus<br />

précis et plus intéressants le jour où l’on découvrira les causes sous-jacentes<br />

et les fonctions <strong>de</strong>s troubles. C’est ici que le modèle du grain <strong>de</strong> sable <strong>de</strong>vient<br />

franchement déprimant.<br />

L’étiologie <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s maladies mentales est massivement hétérogène<br />

Si le modèle du grain <strong>de</strong> sable est vali<strong>de</strong>, le continuum <strong>de</strong>s maladies mentales<br />

est affecté par les conséquences diverses et indirectes <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> mutations<br />

différentes. Dans ces conditions, on peut douter <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong> trouver un<br />

jour un mécanisme génétique unique (ou même un nombre limité <strong>de</strong> mécanismes)<br />

qui expliquerait à lui seul ne serait-ce qu’un aspect <strong>de</strong> la schizophrénie,<br />

par exemple.<br />

De fait, les résultats <strong>de</strong> la chasse aux gènes <strong>de</strong>s maladies mentales, où tant<br />

<strong>de</strong> millions ont été investis, sont exactement tels que les prédit le modèle : <strong>de</strong>s<br />

dizaines <strong>de</strong> gènes <strong>de</strong> la schizophrénie ou <strong>de</strong> l’autisme ont été trouvés, et dans<br />

l’immense majorité <strong>de</strong>s cas, la mutation n’explique qu’un très petit nombre<br />

<strong>de</strong> cas, l’étu<strong>de</strong> n’est pas répliquée, et aucun mécanisme causal précis n’est<br />

i<strong>de</strong>ntifié. Pour <strong>de</strong>s raisons statistiques, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce genre qui n’est pas<br />

répliquée ne vaut à peu près rien (Owen et al., 2005). Les rares gènes qui sont<br />

répliqués ne ren<strong>de</strong>nt compte que d’une très faible portion <strong>de</strong>s cas. La gran<strong>de</strong><br />

majorité <strong>de</strong>s généticiens <strong>de</strong> la psychiatrie admet que l’étiologie génétique <strong>de</strong>s<br />

troubles mentaux est extrêmement hétérogène, mais espère que cette hétérogénéité<br />

se limitera à une vingtaine <strong>de</strong> mutations tout au plus. Mais d’autres<br />

sont plus pessimistes : Mc Guire et Troisi (1998), <strong>de</strong>ux lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> la psychiatrie<br />

darwinienne, sont allés jusqu’à proposer un « principe <strong>de</strong>s 15 % » : il n’existerait<br />

aucun facteur étiologique tel qu’il est responsable <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 15 % <strong>de</strong>s<br />

cas <strong>de</strong> tel trouble. L’immense majorité <strong>de</strong>s facteurs étiologiques serait bien<br />

en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ces 15 %. La théorie <strong>de</strong> Keller et Miller aggrave ces suspicions<br />

assez répandues parmi les généticiens, même ceux qui dirigent la chasse aux<br />

gènes (Hyman, 2006).<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Un amas indifférencié <strong>de</strong> dysfonctionnements hétéroclites dus à l’accumulation<br />

d’une myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> causes, dont aucune n’est très importante ni très<br />

intéressante : voilà exactement ce que les scientifiques voudraient que la folie<br />

ne soit pas. Mais si l’on prend au sérieux le modèle <strong>de</strong> Keller et Miller, c’est à<br />

cela que ressemblent beaucoup <strong>de</strong> maladies mentales. Leur théorie n’est pas<br />

encourageante pour les approches adaptationnistes en psychiatrie – mais c’est<br />

aussi une remarquable application <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l’évolution à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

maladies mentales.

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