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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Neurosciences cognitives et évolution<br />

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dans le chant pendant qu’ils apprennent à imiter leurs congénères (Fisher &<br />

Marcus, 2006). Tous ces éléments conduisent à penser que FOXP2, comme les<br />

gènes liés à la microcéphalie, a pu jouer un rôle crucial dans l’évolution <strong>de</strong><br />

la capacité langagière <strong>de</strong> l’espèce humaine. Ces <strong>de</strong>ux exemples illustrent à la<br />

fois l’intérêt et les lacunes <strong>de</strong> ces scénarios qui lient génétiques, neurosciences<br />

et évolution. Dans ces <strong>de</strong>ux cas, il est aussi intéressant <strong>de</strong> remarquer que les<br />

gènes impliqués ne correspon<strong>de</strong>nt pas à <strong>de</strong>s mutations génétiques majeures<br />

(gènes entiers dupliqués, tronqués ou supprimés, réarrangements <strong>de</strong> chromosomes)<br />

qui seraient intervenues dans la lignée humaine mais au contraire,<br />

il s’agit <strong>de</strong> formes ponctuellement altérées <strong>de</strong> gènes déjà présents chez notre<br />

ancêtre commun lointain avec d’autres taxons (rongeurs, oiseaux,…). Si leur<br />

rôle est avéré, il s’agirait donc <strong>de</strong> cas exemplaires <strong>de</strong> « recyclage » génétique :<br />

un gène ayant un rôle ancestral dans le métabolisme ou le développement du<br />

système nerveux aurait été recyclé pour contribuer à l’émergence d’un nouveau<br />

circuit neurobiologique, support d’une nouvelle fonction cognitive. Malgré ces<br />

résultats encourageants et les premiers succès <strong>de</strong> séquençage d’ADN fossile<br />

d’espèces disparues du groupe Homo comme Nean<strong>de</strong>rthal (Bradley, 2008), ces<br />

travaux montrent aussi qu’il est difficile d’imaginer expliquer l’émergence<br />

d’une fonction cognitive complexe à partir <strong>de</strong> l’analyse d’un seul gène. Au<br />

contraire, l’évolution <strong>de</strong>s facultés cognitives que nous avons discutées ci-<strong>de</strong>ssus<br />

est plus vraisemblablement le résultat <strong>de</strong> l’action concertée <strong>de</strong> nombreux<br />

gènes distincts enrôlés à <strong>de</strong>s moments différents <strong>de</strong> l’histoire phylogénétique<br />

et parfois avec <strong>de</strong>s niveaux d’expressions différents suivant les différentes<br />

espèces. Même pour <strong>de</strong>s fonctions cognitives dont les bases neurales sont <strong>de</strong><br />

mieux en mieux connues grâce à la neuroimagerie, il manque donc encore <strong>de</strong><br />

larges pans à l’histoire qui va du gène, au neurone, au circuit cérébral jusqu’au<br />

comportement (Ramus, 2006).<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Jusqu’à présent, nous avons essentiellement développé les connaissances<br />

établies sur le cerveau <strong>de</strong> l’humain adulte. Or, une approche relativement<br />

nouvelle en neurosciences cognitives consiste à se pencher sur le cerveau au<br />

cours <strong>de</strong> son développement <strong>de</strong>puis la naissance (voire avant via <strong>de</strong>s techniques<br />

d’imagerie intra-utérine) jusqu’à l’âge adulte. L’une <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

distinctives <strong>de</strong> l’être humain par rapport aux autres primates est en effet la<br />

durée importante <strong>de</strong> l’enfance (Robson & Wood, 2008). Pour une raison que<br />

l’on a déjà évoquée, il est important <strong>de</strong> comprendre l’avantage adaptatif qu’il<br />

y a à prolonger ainsi un état où l’individu est incapable <strong>de</strong> se nourrir seul ou<br />

<strong>de</strong> se défendre et représente donc aussi un risque supplémentaire pour le ou<br />

les parents qui en ont la charge. Les gains liés à ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement<br />

ralenti doivent être très élevés pour compenser, sur le long terme, les coûts<br />

que représente une telle transformation <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> croissance par<br />

rapport à ce qui existe chez les autres espèces primates. L’un <strong>de</strong>s arguments<br />

développés par Tomasello et son équipe est justement que la cognition humaine<br />

ne se singularise non pas tant dans les domaines physiques (représentation <strong>de</strong>

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