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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Éthologie et évolution<br />

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dans d’autres circonstances) ; il reste donc à voir si les corvidés réalisent <strong>de</strong>s<br />

performances aussi impressionnantes dans d’autres types <strong>de</strong> tests.<br />

Reconnaissance <strong>de</strong> soi<br />

La plupart <strong>de</strong>s animaux ne se reconnaissent pas s’ils se voient dans un<br />

miroir. Ils commencent par réagir comme <strong>de</strong>vant un congénère, puis, en<br />

voyant que l’image ne se comporte pas comme le ferait un congénère normal,<br />

ils finissent par s’en désintéresser. La reconnaissance <strong>de</strong> soi dans le miroir fait<br />

l’objet d’un test appelé test <strong>de</strong> la tache : on place une tache sur une partie du<br />

corps invisible par l’animal (sur le front par exemple) et puis l’on compare<br />

ses comportements en présence ou en l’absence d’un miroir. Placés <strong>de</strong>vant un<br />

miroir et après avoir eu une certaine expérience <strong>de</strong> celui-ci, les singes anthropoï<strong>de</strong>s<br />

(du moins certains individus) touchent alors leur propre front pour<br />

explorer la tache, alors qu’ils ne la touchent pas s’ils n’ont pas l’occasion <strong>de</strong> se<br />

voir <strong>de</strong>vant un miroir, ce qui permet <strong>de</strong> vérifier que ce n’est pas une sensation<br />

tactile qui les fait réagir (Gallup, 1997). Le test <strong>de</strong> la tache a été réalisé sur <strong>de</strong><br />

nombreuses espèces, notamment <strong>de</strong>s singes non anthropoï<strong>de</strong>s qui ne montrent<br />

pas <strong>de</strong> signe net <strong>de</strong> reconnaissance dans le miroir. Les dauphins n’ont pas <strong>de</strong><br />

membre leur permettant <strong>de</strong> toucher leur tache mais ils se contorsionnent <strong>de</strong><br />

façon à observer leur tache <strong>de</strong>vant un miroir (Reiss & Marino, 2001). En 2006,<br />

un éléphant a passé avec succès le test <strong>de</strong> la tache (Plotnik et al., 2006), mais<br />

cette découverte est encore à considérer avec précaution car il ne s’agit que<br />

d’un seul individu (sur trois testés) et <strong>de</strong> plus son comportement n’a pu être<br />

comparé à une condition <strong>contrôle</strong> avec tache mais sans miroir. Enfin, tout<br />

récemment, <strong>de</strong>ux pies (sur un groupe <strong>de</strong> 5 individus testés) ont également<br />

réussi le test <strong>de</strong> la tache (Prior et al, 2008).<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

À quoi pourrait servir la reconnaissance <strong>de</strong> soi et pourquoi se serait-elle<br />

développée chez certains animaux La reconnaissance <strong>de</strong> sa propre image dans<br />

un miroir n’a probablement pas <strong>de</strong> valeur adaptative en elle-même mais les<br />

chercheurs s’y sont intéressés car l’on considère en général que cette reconnaissance<br />

est un indice <strong>de</strong> la conscience <strong>de</strong> soi (encore que ce concept soit difficile<br />

à définir et sujet à débats – cf. par exemple Tomasello & Call, 1997). Povinelli<br />

et Cant (1995) suggèrent que la conscience <strong>de</strong> soi se serait développée chez les<br />

grands singes car ils <strong>de</strong>vaient se déplacer dans les arbres. Leur gran<strong>de</strong> taille<br />

et donc leur poids élevé constituent un risque élevé <strong>de</strong> casser les branches sur<br />

lesquels ils évoluent. Il en serait résulté une capacité à concevoir son corps<br />

comme une entité propre qu’ils seraient alors capables <strong>de</strong> reconnaître dans le<br />

miroir. On comprend mal cependant pourquoi d’autres espèces arboricoles<br />

qui rencontrent les mêmes problèmes (les autres espèces sont en effet plus<br />

légères mais elles s’aventurent sur <strong>de</strong> plus petites branches…) n’ont pas développé<br />

cette capacité. Cela n’explique pas non plus pourquoi les dauphins et<br />

peut-être les éléphants se reconnaissent dans le miroir. D’autres auteurs remarquent<br />

que la conscience <strong>de</strong> soi faciliterait le fait <strong>de</strong> se projeter dans l’ avenir

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