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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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20 Jean-Baptiste Van <strong>de</strong>r Henst & Hugo Mercier<br />

Il l u s t r at i o n s e m p i r i q u e s<br />

Leda Cosmi<strong>de</strong>s et le module <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s tricheurs<br />

Nos ancêtres sont capables <strong>de</strong> coopérer <strong>de</strong>puis fort longtemps. Les restes <strong>de</strong>s<br />

gros gibiers qu’ils ont chassés et qu’un homme seul ne pourrait abattre en sont<br />

un témoignage convainquant (Sterelny, In press). De plus, l’homme pratique<br />

<strong>de</strong>s échanges mutuellement bénéfiques, du « commerce », quasiment <strong>de</strong>puis<br />

son apparition (Matt Ridley, 1996). À la différence <strong>de</strong>s chimpanzés, beaucoup<br />

plus belliqueux que nous, nous sommes capables <strong>de</strong> vivre dans <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités <strong>de</strong><br />

population importantes sans (trop) nous entre-tuer. Au contraire, la coopération<br />

semble être un <strong>de</strong>s attributs marquants <strong>de</strong> notre espèce. Comment a-t-elle pu<br />

s’établir Si les actes altruistes entre individus appartenant à la même famille<br />

s’expliquent par la théorie <strong>de</strong> la sélection naturelle <strong>de</strong>puis les travaux <strong>de</strong><br />

William Hamilton (Hamilton, 1964a, 1964b), il a fallu attendre quelques années<br />

supplémentaires pour que l’altruisme entre non apparentés reçoive un début<br />

d’explication. En 1971, Robert Trivers propose la théorie <strong>de</strong> l’altruisme réciproque<br />

(Trivers, 1971). Le principe en est très simple : un premier individu agit<br />

au bénéfice d’un second qui <strong>de</strong>vra lui rendre un service <strong>de</strong> même importance<br />

ultérieurement. En avantageant les <strong>de</strong>ux parties, ce mécanisme permet à la<br />

coopération d’évoluer. Cependant, certaines conditions doivent être remplies.<br />

Afin <strong>de</strong> mieux les comprendre, Robert Axelrod développa une modélisation<br />

<strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la coopération (Axelrod, 1984). Une <strong>de</strong>s conclusions en fut<br />

la suivante : pour que l’altruisme réciproque puisse évoluer, les « tricheurs »<br />

doivent être sanctionnés. Si les individus qui ne ren<strong>de</strong>nt pas les services dus<br />

ne sont pas sanctionnés, ils prospéreront et entraveront le développement<br />

<strong>de</strong> la coopération. Mais avant <strong>de</strong> pouvoir les sanctionner il faut pouvoir les<br />

détecter. C’est sur cette question que Leda Cosmi<strong>de</strong>s, l’une <strong>de</strong>s psychologues<br />

évolutionnistes les plus connues, a produit ses premiers travaux empiriques.<br />

Pour mettre en évi<strong>de</strong>nce l’existence d’un « module <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s tricheurs »,<br />

elle a choisi le problème le plus étudié <strong>de</strong> la psychologie du raisonnement : la<br />

tâche <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong> Wason (Wason, 1966). Dans cette tâche, le participant doit<br />

choisir parmi quatre cartes celles qui lui permettent <strong>de</strong> déterminer si une règle<br />

abstraite est vraie ou fausse (voir figure 1). La tâche est difficile et seulement <strong>de</strong><br />

10 à 15 % <strong>de</strong>s participants parviennent à sélectionner les <strong>de</strong>ux cartes logiquement<br />

correctes (dans la figure 1, il s’agit <strong>de</strong>s cartes A et 7) (Evans, Newstead,<br />

& Byrne, 1993). Il s’agit <strong>de</strong> la bonne réponse car si on retourne une <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

cartes et que <strong>de</strong> l’autre côté on trouve autre chose qu’un 4 (pour la carte A) ou<br />

un A (pour la carte 7), alors on peut être sûr que la règle est fausse. Les <strong>de</strong>ux<br />

autres cartes, par contre, ne sont pas nécessaires. Ainsi, si l’envers <strong>de</strong> la carte<br />

4 porte autre chose qu’un A, cela n’infirme pas la règle, qui ne dit pas que les<br />

autres lettres ne peuvent pas avoir <strong>de</strong> 4 à leur envers. De même pour la carte<br />

D. Les psychologues ont consacré beaucoup d’effort à élaborer <strong>de</strong>s variantes <strong>de</strong><br />

la tâche susceptibles d’accroître les performances. Ainsi, dans une version qui<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong>

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