Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS
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16 Jean-Baptiste Van <strong>de</strong>r Henst & Hugo Mercier<br />
<strong>de</strong>vons-nous nous placer Tout dépend <strong>de</strong> notre objet d’étu<strong>de</strong>. Il est probable<br />
que certaines <strong>de</strong> nos capacités cognitives fassent partie <strong>de</strong> l’héritage commun<br />
aux hommes et aux autres mammifères et que leur émergence se situe au début<br />
du tertiaire. Ainsi, certaines parties <strong>de</strong> notre système visuel existaient déjà il y<br />
a <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> millions d’années. Par contre, si nous nous intéressons à <strong>de</strong>s<br />
capacités propres à l’homme comme le langage, nous <strong>de</strong>vons nous recentrer sur<br />
la pério<strong>de</strong> qui nous sépare <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>rnier ancêtre commun avec les grands<br />
singes. Afin <strong>de</strong> mieux connaître les conditions <strong>de</strong> notre évolution, il faut donc<br />
nous tourner vers les paléoanthropologues, archéologues et autres spécialistes<br />
<strong>de</strong> ces pério<strong>de</strong>s reculées. Malheureusement, si les indications qu’ils nous<br />
donnent sur les caractéristiques <strong>de</strong>s milieux physique et biologique (température,<br />
niveau <strong>de</strong> l’eau, faune, flore…) sont souvent précises, il leur est plus difficile<br />
d’inférer l’environnement social <strong>de</strong> nos ancêtres à partir <strong>de</strong>s fossiles et <strong>de</strong>s<br />
outils qu’ils recueillent (cf. chapitre 6). Or, ce <strong>de</strong>rnier a probablement joué un<br />
rôle primordial dans notre évolution. Pour ne prendre qu’un exemple, la taille<br />
<strong>de</strong>s groupes fait peser <strong>de</strong> nombreuses contraintes sur les capacités cognitives<br />
<strong>de</strong>s individus qui en sont membres (cf. chapitre 7) (Dunbar, 1996), et elle est<br />
extrêmement difficile à établir à partir du registre archéologique.<br />
Les psychologues évolutionnistes utilisent une autre source d’information<br />
sur la manière dont vivaient nos ancêtres : ils font l’hypothèse que ces <strong>de</strong>rniers<br />
se trouvaient dans <strong>de</strong>s conditions similaires à celles <strong>de</strong>s chasseurs-cueilleurs<br />
actuels. L’agriculture ne datant que <strong>de</strong> 10000 ans, nous avons passé la plus<br />
gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> notre histoire (biologique) dans un environnement plus<br />
proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s chasseurs bushmen que <strong>de</strong>s courtiers <strong>de</strong> Manhattan ou<br />
même que <strong>de</strong>s premiers paysans. Il est alors possible d’utiliser les nombreuses<br />
étu<strong>de</strong>s (ethnographiques) qui détaillent le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> tribus isolées et s’en<br />
inspirer pour dépeindre l’environnement dans lequel nous avons évolué. Le<br />
décalage entre ce milieu pour lequel nous <strong>de</strong>vrions être adaptés, et notre environnement<br />
actuel est souvent invoqué pour expliquer <strong>de</strong>s traits qui paraissent<br />
particulièrement maladaptatifs aujourd’hui. On peut illustrer ce point avec<br />
l’exemple <strong>de</strong> notre appétence pour le sucre et les graisses. L’environnement<br />
<strong>de</strong> nos ancêtres ne leur offrait ces substances qu’en faibles quantités ; la plus<br />
gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur alimentation était probablement composée <strong>de</strong> végétaux<br />
et <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s assez maigres. Lorsque l’occasion d’obtenir <strong>de</strong>s aliments gras<br />
ou sucrés se présentait, il était capital <strong>de</strong> la saisir car ces aliments apportent<br />
une source d’énergie importante : nos ancêtres ont donc développé un appétit<br />
prononcé pour ces substances. Malheureusement, dans un univers <strong>de</strong> fastfoods<br />
et <strong>de</strong> supermarchés, <strong>de</strong> mayonnaise et <strong>de</strong> crèmes glacées, ce goût perd<br />
tous ses avantages et <strong>de</strong>vient même nocif en raison <strong>de</strong> l’obésité et <strong>de</strong>s maladies<br />
cardio-vasculaires qu’il engendre. Ce qui était hier un penchant utile car adapté<br />
à l’environnement est aujourd’hui un handicap à surmonter car l’évolution<br />
n’a pas eu le temps <strong>de</strong> l’ajuster à notre nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie.<br />
<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong>