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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Archéologie cognitive : <strong>de</strong> la matière à l’esprit<br />

185<br />

Un premier point est celui du modèle <strong>de</strong> la cognition humaine qui semble<br />

s’appliquer le mieux aux évolutions cognitives du passé telles que caractérisées<br />

par les indices comportementaux. On oppose aujourd’hui <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> la<br />

cognition où celle-ci opère différemment selon les domaines considérés (la<br />

spécificité <strong>de</strong> domaine, avec une intelligence sociale, une intelligence technique,<br />

etc. – le nombre <strong>de</strong> modules est sujet à discussion), à <strong>de</strong>s modèles où l’esprit<br />

humain est considéré selon la métaphore informatique d’un processeur général,<br />

capable <strong>de</strong> traiter tous les problèmes quel que soit leur domaine, voire à <strong>de</strong>s<br />

modèles mixtes. Un schéma s’adapte-t-il mieux que les autres aux données<br />

<strong>de</strong> l’archéologie <br />

Le modèle modulaire <strong>de</strong> la cognition recueille aujourd’hui les faveurs <strong>de</strong><br />

nombreux spécialistes <strong>de</strong>s théories darwiniennes <strong>de</strong> l’évolution et <strong>de</strong> la psychologie<br />

cognitive (Barkow et al., 1992) (voir chapitres 1 et 10). Une application<br />

au domaine archéologique a été présentée <strong>de</strong> façon pertinente par Steven<br />

Mithen (1994, 1996), qui a mis en avant le concept <strong>de</strong> fluidité cognitive. Selon cet<br />

auteur, la révolution symbolique s’expliquerait par le passage d’une cognition<br />

modulaire aux modules spécialisés et sans interaction à une cognition toujours<br />

modulaire, mais marquée par <strong>de</strong>s connexions entre les modules et un transfert<br />

<strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong>s uns aux données <strong>de</strong>s autres. Alors qu’initialement, les quatre<br />

« intelligences » <strong>de</strong>s pré-sapiens ne se seraient exercées qu’indépendamment – une<br />

intelligence sociale, une technique, une linguistique et une liée au fonctionnement<br />

<strong>de</strong> la nature –, il serait <strong>de</strong>venu possible pour Homo sapiens d’appliquer par<br />

exemple ses connaissances techniques à la transformation <strong>de</strong> l’environnement,<br />

ses outils linguistiques à la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s autres domaines, etc. Selon Mithen,<br />

cette fluidité nouvelle peut rendre compte <strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong> l’art pariétal et<br />

du sentiment religieux, <strong>de</strong> l’agriculture, etc. Cette théorie est séduisante pour<br />

rendre compte à la fois <strong>de</strong>s accomplissements d’Homo sapiens et <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> ses<br />

prédécesseurs, mais laisse toutefois <strong>de</strong>s questions non résolues : quels sont les<br />

bases neurophysiologiques ou les déterminants psychologiques locaux <strong>de</strong> ce<br />

nouveau fonctionnement global <strong>de</strong> l’esprit Les premières traversées maritimes<br />

<strong>de</strong>s erectus ou les sépultures <strong>de</strong> Néan<strong>de</strong>rtal peuvent-elles vraiment se passer<br />

<strong>de</strong> la fluidité cognitive À quoi servait le langage avant la mise en place <strong>de</strong><br />

cette <strong>de</strong>rnière Pourquoi celle-ci correspond-elle à la révolution symbolique<br />

et non pas à l’apparition d’Homo sapiens 19<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

La <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>s questions précé<strong>de</strong>ntes mérite d’être mise en exergue au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> Mithen. Si l’être humain mo<strong>de</strong>rne est apparu il y a plus <strong>de</strong><br />

100 000 ans, le réel envol <strong>de</strong>s comportements traduisant une mo<strong>de</strong>rnité cognitive<br />

date lui d’environ 50 000 BP. Il convient dès lors d’expliquer ce délai important<br />

19. Le problème est ici que la théorie <strong>de</strong> Mithen repose sur une lecture particulière <strong>de</strong>s<br />

données archéologiques, qui restreint nombre <strong>de</strong>s comportements évoqués précé<strong>de</strong>mment<br />

à moins <strong>de</strong> 50 000 ou 60 000 BP. Leur caractère <strong>de</strong> plus en plus probable<br />

avant ces époques est à l’origine <strong>de</strong>s problèmes.

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