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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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78 Dalida Bovet<br />

c’est donc que l’augmentation <strong>de</strong> l’intelligence permise par l’augmentation <strong>de</strong><br />

la taille du cerveau était suffisamment favorable pour compenser son coût. À<br />

quoi peut servir cette augmentation <strong>de</strong>s capacités cognitives <strong>de</strong>s primates <br />

Deux primatologues ont proposé indépendamment le même type <strong>de</strong> réponse<br />

à cette question. Dès 1966, Alison Jolly souligne que pratiquement toutes les<br />

espèces <strong>de</strong> primates doivent résoudre <strong>de</strong>s problèmes compliqués dans le<br />

domaine social et ont <strong>de</strong>s capacités avancées dans ce domaine, notamment<br />

en termes d’apprentissage social, alors que ce n’est pas nécessairement le cas<br />

dans le domaine physique.<br />

Dix ans plus tard (sans avoir lu l’article <strong>de</strong> Jolly), Humphrey (1976) remarque<br />

qu’en laboratoire, les primates montrent une intelligence développée dans <strong>de</strong>s<br />

tests d’apprentissage, <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> problèmes, d’intelligence créative, alors<br />

qu’à première vue, ils n’ont pas besoin <strong>de</strong> ces capacités dans la nature, puisque<br />

pour la plupart <strong>de</strong>s espèces, il est assez simple <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong> la nourriture.<br />

Lui aussi observe que le domaine dans lequel les singes ont le plus besoin <strong>de</strong><br />

capacités d’apprentissage ou d’invention <strong>de</strong> solutions nouvelles est le domaine<br />

social. En effet, les singes vivent en général en grands groupes (même si il<br />

y a <strong>de</strong>s exceptions pour certaines espèces) comprenant <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux sexes et <strong>de</strong> tous âges, formant <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> parenté, d’alliance et <strong>de</strong><br />

relations hiérarchiques plus ou moins stables. La complexité sociale est particulière<br />

chez plusieurs espèces <strong>de</strong> singes où l’on observe <strong>de</strong>s systèmes dits <strong>de</strong><br />

« fission/fusion » dans lesquels le groupe se divise en sous-groupes à certains<br />

moments <strong>de</strong> la journée (notamment pour minimiser la compétition lors <strong>de</strong> la<br />

recherche <strong>de</strong> nourriture) pour se recomposer plus tard (en particulier lorsque<br />

les risques <strong>de</strong> prédation sont importants : durant la nuit, à l’approche d’un<br />

point d’eau, etc.). Humphrey en conclut que les singes ont développé leurs<br />

capacités cognitives pour résoudre les problèmes posés par la vie en société<br />

et qu’en laboratoire, ils ne font que transférer à <strong>de</strong>s objets inertes ces capacités<br />

pour traiter et catégoriser les objets sociaux.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Enfin, en 1988, Byrne et Whiten lancent réellement le débat avec l’ouvrage<br />

Machiavellian Intelligence dans lequel ils reprennent cette hypothèse selon<br />

laquelle l’évolution aurait favorisé le développement <strong>de</strong> la cognition chez les<br />

primates pour permettre une gestion plus efficace du groupe social et l’appellent<br />

hypothèse <strong>de</strong> l’intelligence machiavélique. Dunbar (1998a) tente <strong>de</strong> tester<br />

cette hypothèse, qu’il préfère appeler « hypothèse du cerveau social » ; Cette<br />

expression, ayant une portée plus large et véhiculant moins <strong>de</strong> connotations<br />

négatives, est aujourd’hui plus en vogue que celle d’intelligence machiavélique,<br />

car ce <strong>de</strong>rnier fait surtout référence à la compétition et à la manipulation<br />

sociale tandis qu’il apparaît <strong>de</strong> plus en plus que la coopération, les alliances, les<br />

échanges font partie intégrante <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong> la vie sociale <strong>de</strong>s primates<br />

(Barrett & Henzi, 2005). Dunbar (1998a) mesure le ratio entre le néocortex et le<br />

reste du cerveau pour différentes espèces <strong>de</strong> primates. En effet, chez les mammifères,<br />

l’accroissement <strong>de</strong> la taille du cerveau au cours <strong>de</strong> l’évolution s’est fait

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