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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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234 Karim N’Diaye<br />

Les circuits cérébraux sont <strong>de</strong>s adaptations fonctionnelles<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> noter que Brodmann observait déjà que si certaines<br />

aires cytoarchitectoniques se retrouvaient chez tous les mammifères, le cerveau<br />

<strong>de</strong> l’être humain et <strong>de</strong> certains primates phylogénétiquement proches possédait<br />

certaines aires absentes chez d’autres taxons. Cette observation indique<br />

donc que d’une espèce à l’autre, même si le plan général du cerveau présente<br />

<strong>de</strong>s homologies, les cerveaux ne se réduisent pas à la version plus ou moins<br />

agrandie d’un même organe mais qu’il existe bien <strong>de</strong>s spécificités propres à<br />

chaque espèce ou groupe d’espèces. Barton et Harvey (2000) ont ainsi introduit<br />

le concept d’une évolution mosaïque du cerveau au sens où, selon les taxons,<br />

on observe <strong>de</strong>s différences dans la taille relative <strong>de</strong> différentes sous-structures<br />

qui composent le cerveau aussi bien à gran<strong>de</strong> échelle (le néocortex par rapport<br />

au reste) qu’à une plus fine échelle. Par exemple, même si les aires visuelles<br />

sont toujours positionnées en arrière du cerveau dans les régions occipitales,<br />

on observe chez les primates diurnes une augmentation <strong>de</strong> la taille du système<br />

visuel par rapport aux autres systèmes sensoriels. Cette évolution mosaïque<br />

révèle donc qu’au cours <strong>de</strong> l’histoire phylogénétique les différentes structures<br />

du système nerveux se sont plus ou moins compartimentées et évolueraient<br />

<strong>de</strong> façon partiellement indépendante en fonction <strong>de</strong> l’écologie particulière<br />

du taxon. Par conséquent, même si, comme on l’a vu précé<strong>de</strong>mment, il existe<br />

une loi générale qui lie le développement du cerveau avec le reste du système<br />

nerveux et <strong>de</strong> la masse corporelle globale, les trajectoires évolutives spécifiques<br />

<strong>de</strong> chaque taxon peuvent produire <strong>de</strong>s différences substantielles dans le <strong>de</strong>gré<br />

<strong>de</strong> développement <strong>de</strong> telle ou telle sous-structure du cerveau. On observe<br />

en effet que les espèces qui partagent certaines caractéristiques écologiques<br />

(régime alimentaire, mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> déplacement, etc.) présentent aussi <strong>de</strong>s points<br />

communs dans l’organisation <strong>de</strong> leur cerveau qui ne peuvent pas s’expliquer<br />

seulement par les homologies héritées d’un ancêtre commun mais représentent<br />

bel et bien un investissement dans tel ou tel type <strong>de</strong> ressource cognitive<br />

(Clark, Mitra, & Wang, 2001).<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Si <strong>de</strong> telles différences peuvent être relativement prononcées pour <strong>de</strong>s<br />

espèces appartenant à <strong>de</strong>s familles distantes, la question va être à présent <strong>de</strong><br />

déterminer si <strong>de</strong> telles spécialisations s’observent entre <strong>de</strong>s espèces qui ont<br />

divergé les unes <strong>de</strong>s autres beaucoup plus récemment, par exemple durant les<br />

quelques millions d’années qui séparent la lignée humaine <strong>de</strong>s autres lignées<br />

<strong>de</strong> primates. À chacune <strong>de</strong>s principales étapes <strong>de</strong> l’histoire phylogénétique<br />

<strong>de</strong>s primates, on peut voir émerger <strong>de</strong>s spécificités dans l’organisation cérébrale<br />

(T. M. Preuss, 2007) : réduction du système olfactif et augmentation du<br />

cortex visuel lors <strong>de</strong> la première radiation qui nous sépare du sous-ordre <strong>de</strong>s<br />

lémurs (env. -60 MA), apparition d’une aire somatosensorielle secondaire qui<br />

reste absente chez les singes du Nouveau Mon<strong>de</strong> comme le capucin (-40 à<br />

-35 MA), épaississement <strong>de</strong> l’aire motrice qui <strong>contrôle</strong> les muscles <strong>de</strong> la face

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