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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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230 Karim N’Diaye<br />

d’approche fournit néanmoins <strong>de</strong>s éléments empiriques appuyant l’idée qu’il<br />

existe <strong>de</strong>s contributions génétiques dans les capacités intellectuelles même <strong>de</strong><br />

haut-niveau – sans compter que, malgré sa popularité, le facteur g représente<br />

une mesure très artificielle sans doute assez éloignée <strong>de</strong>s problèmes adaptatifs<br />

réels face auxquels la cognition humaine a évolué. Ces résultats justifient donc<br />

l’hypothèse que, dans la lignée humaine, l’augmentation du volume cérébral<br />

a pu effectivement constituer une réponse adaptative aux défis auxquels ont<br />

dû faire face les premiers hominidés dans le domaine <strong>de</strong> la cognition. Pour<br />

affiner ce scénario évolutif, il reste donc à i<strong>de</strong>ntifier plus précisément quelles<br />

sont ces « capacités cognitives » qui ont pu favoriser l’augmentation du volume<br />

cérébral.<br />

L’encéphalisation est un avantage adaptatif<br />

Le cerveau est connu comme « l’organe <strong>de</strong> l’intelligence » mais, dans un<br />

contexte phylogénétique, le problème qui se pose est que l’on ne dispose pas<br />

d’une « mesure <strong>de</strong> l’intelligence » qui permettrait <strong>de</strong> comparer directement<br />

différentes espèces (voir chapitre 3). Plusieurs concepts ont été proposés<br />

pour abor<strong>de</strong>r ce problème. Les éthologues se sont notamment intéressés à la<br />

capacité d’innovation, ou plus généralement à la « flexibilité cognitive » dont<br />

font preuve les individus <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s espèces en condition naturelle ou<br />

en laboratoire (Roth & Dicke, 2005). Par exemple, on mesurera le taux d’innovation<br />

d’une espèce comme le nombre <strong>de</strong> fois où <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong> cette<br />

espèce ont été vus utiliser une stratégie inhabituelle pour parvenir à un but<br />

(comme lorsque un goéland lâche en vol, non pas <strong>de</strong>s coquillages comme il le<br />

fait habituellement pour les ouvrir, mais <strong>de</strong>s cailloux afin <strong>de</strong> tuer <strong>de</strong>s lapins).<br />

Le résultat <strong>de</strong> ces travaux est certes qu’il existe bien un lien assez direct entre<br />

cette faculté cognitive et la taille du cerveau (ou plus exactement, le coefficient<br />

d’encéphalisation) mais cette corrélation est faible et ne permet pas d’expliquer<br />

par exemple qu’au sein <strong>de</strong>s oiseaux, les corvidés (corbeau, corneille, etc.) dont<br />

le coefficient d’encéphalisation est faible comparé à ce qu’on observe chez les<br />

primates sont particulièrement doués pour résoudre certains épreuves comme<br />

la construction d’outils rudimentaires (afin, par exemple, <strong>de</strong> récupérer une<br />

noix placée au fond d’un tube ; Emery & Clayton, 2004).<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

À partir <strong>de</strong> ses travaux menés sur les primates, Robin Dunbar a proposé<br />

une autre hypothèse pour expliquer le phénomène d’encéphalisation, la théorie<br />

dite du « cerveau social » qui dérive du concept d’« intelligence machiavélique »<br />

proposé par Byrne et Whiten (1988) (voir aussi chapitre 1). Selon cette théorie,<br />

la principale force évolutionnaire qui explique l’encéphalisation serait le mo<strong>de</strong><br />

d’organisation social complexe <strong>de</strong>s primates, et non une pression écologique<br />

favorisant une capacité générale à résoudre <strong>de</strong>s problèmes ou à manipuler <strong>de</strong>s<br />

outils (Humphrey, 1976). En effet, le succès reproducteur est dans une large<br />

mesure lié à la qualité <strong>de</strong>s relations d’un individu avec les autres membres du

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