21.01.2015 Views

Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

246 Karim N’Diaye<br />

Le langage et l’asymétrie hémisphérique<br />

Le langage humain représente assurément un cas d’école pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’évolution <strong>de</strong> la cognition humaine et <strong>de</strong> ses bases neurobiologiques. Il s’agit<br />

d’une faculté proprement humaine, bien i<strong>de</strong>ntifiée, et pour laquelle on dispose<br />

d’un grand nombre <strong>de</strong> données aussi bien en psychologie expérimentale qu’en<br />

neuropsychologie, données qui ont permis <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s modèles relativement<br />

précis <strong>de</strong>s mécanismes sous-jacents. Sur le plan neuroanatomique,<br />

l’un <strong>de</strong>s corrélats les plus importants <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong> langage est l’asymétrie<br />

hémisphérique, c’est-à-dire le fait que l’organisation anatomo-fonctionnelle <strong>de</strong><br />

l’hémisphère gauche et <strong>de</strong> l’hémisphère droit du cerveau humain est sensiblement<br />

différente. Par exemple, l’aire <strong>de</strong> Broca, qui a déjà été mentionnée pour<br />

son rôle critique dans le langage articulé, est en général localisée dans le lobe<br />

frontal gauche pour la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s droitiers, mais chez un certain<br />

nombre <strong>de</strong> gauchers (et <strong>de</strong> façon très exceptionnelle, chez quelques droitiers),<br />

elle est localisée dans le lobe frontal droit. D’une manière générale, les différentes<br />

aires impliquées dans le langage présentent une asymétrie similaire :<br />

l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux hémisphères joue un rôle prépondérant dans l’expression et la<br />

compréhension du langage oral. On parle donc <strong>de</strong> dominance hémisphérique.<br />

Dans la majorité <strong>de</strong> la population humaine, l’hémisphère dominant est l’hémisphère<br />

gauche, en particulier chez les droitiers ; les gauchers, qui représentent<br />

environ 10 % <strong>de</strong>s individus dans toutes les populations humaines, présentent<br />

une organisation plus variable avec parfois une dominance <strong>de</strong> l’hémisphère<br />

droit ou même une asymétrie moins marquée qui ne permet pas <strong>de</strong> définir<br />

une dominance hémisphérique claire.<br />

À l’inverse, chez les primates non-humains, on n’observe pas <strong>de</strong> telles<br />

asymétries comportementales : si certains individus utilisent préférentiellement<br />

leur membre d’un côté plus que <strong>de</strong> l’autre, en moyenne dans la population <strong>de</strong><br />

ces espèces, on trouve autant d’individus droitiers que gauchers. Ceci étant,<br />

le lien entre asymétrie hémisphérique, latéralisation manuelle et faculté <strong>de</strong><br />

langage est loin d’être compris. En effet, chez les grands singes, et ce malgré<br />

l’absence <strong>de</strong> latéralisation manuelle marquée, il existe <strong>de</strong>s asymétries sur le plan<br />

neuroanatomique. Chez les grands singes, la région du lobe frontal homologue<br />

<strong>de</strong> l’aire <strong>de</strong> Broca humaine ainsi que la région du cortex auditif associatif homologue<br />

<strong>de</strong> l’aire <strong>de</strong> Wernicke humaine (impliquée dans le traitement complexe<br />

<strong>de</strong>s sons et du langage) sont en effet plus développées à gauche qu’à droite<br />

(Cantalupo & Hopkins, 2001 ; Gannon, Holloway, Broadfield, & Braun, 1998).<br />

Sur le plan fonctionnel, les neurones <strong>de</strong> l’hémisphère gauche <strong>de</strong> ces régions<br />

répon<strong>de</strong>nt davantage que ceux <strong>de</strong> l’hémisphère droit lorsque l’on fait écouter<br />

<strong>de</strong>s vocalisations <strong>de</strong> l’espèce, y compris chez <strong>de</strong>s espèces plus éloignées comme<br />

le macaque (Gil-da-Costa et al., 2006). Si un lien existe donc entre asymétrie<br />

cérébrale et langage, il apparaît aussi, sous une forme rudimentaire tout au<br />

moins, chez les primates non humains et donc bien avant l’émergence du<br />

langage articulé humain.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!