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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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240 Karim N’Diaye<br />

négatifs ressentis à l’égard d’un visage inconnu (Winston, Strange, O’Doherty,<br />

& Dolan, 2002), et notamment à l’attitu<strong>de</strong> inconsciente envers un individu ou<br />

un groupe d’individu (d’une race différente par exemple) (Phelps, Cannistraci,<br />

& Cunningham, 2003). À l’inverse, <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> lésions bilatérales<br />

<strong>de</strong> l’amygdale montrent un biais positif dans les situations d’évaluation<br />

sociale qui les font juger, par exemple, un inconnu comme étant plus digne<br />

<strong>de</strong> confiance que ne le jugeraient <strong>de</strong>s participants bi.<br />

L’implication <strong>de</strong> structures ancestrales comme l’amygdale dans <strong>de</strong>s jugements<br />

complexes (comme le fait d’être digne <strong>de</strong> confiance) illustre bien le processus<br />

<strong>de</strong> bricolage qui est à l’œuvre dans l’évolution du cerveau. L’enrichissement <strong>de</strong>s<br />

comportements socioaffectifs dans la lignée <strong>de</strong>s hominidés ne correspond pas<br />

nécessairement à l’apparition <strong>de</strong> circuits neuronaux radicalement nouveaux<br />

mais consiste souvent en un redéploiement, ou recyclage, <strong>de</strong>s circuits existants<br />

dans <strong>de</strong> nouvelles combinaisons. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’amygdale<br />

d’un rat répon<strong>de</strong> <strong>de</strong> façon très nette à une menace physique qui est très<br />

directement pertinente pour la survie du rongeur (comme l’o<strong>de</strong>ur d’un chat)<br />

mais que dans l’espèce humaine, cette même structure soit impliquée dans<br />

les réponses à <strong>de</strong>s interactions sociales qui, pour le primate grégaire que nous<br />

sommes, sont tout aussi importantes pour la survie. Cette perspective évolutionnaire<br />

explique pourquoi l’amygdale, qui est peut-être apparue comme une<br />

adaptation cognitive dédiée à la détection du danger, échappe désormais à la<br />

définition trop restrictive <strong>de</strong> centre <strong>de</strong> la peur. Si le domaine <strong>de</strong> spécificité semble<br />

donc s’être élargi (pour inclure les signaux sociaux hautement pertinents chez<br />

primates), c’est que le rôle fonctionnel <strong>de</strong> l’amygdale n’était pas (ou, en tout<br />

cas, n’est pas resté) la détection du danger, mais plutôt l’évaluation affective<br />

<strong>de</strong>s stimuli <strong>de</strong> l’environnement, qu’ils aient une pertinence écologique (prédateur)<br />

ou sociales (congénères) (San<strong>de</strong>r et al., 2003). De même, les émotions dites<br />

sociales (comme la honte ou la culpabilité) activent elles aussi <strong>de</strong>s circuits qui<br />

se recouvrent largement avec les circuits cérébraux mentionnés précé<strong>de</strong>mment<br />

pour les émotions dites <strong>de</strong> base (Adolphs, 2009) et notamment au niveau du<br />

cortex orbitofrontal (Berthoz, Armony, Blair, & Dolan, 2002).<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Le cerveau social<br />

L’amygdale, le cortex orbitofrontal et les aires corticales situées autour du<br />

sillon supérieur du lobe temporal forment un ensemble que Leslie Brothers<br />

(1990) a défini comme le cerveau social (sans lien direct avec la théorie homonyme<br />

<strong>de</strong> Dunbar, présentée plus haut) à partir d’une série d’expériences dans<br />

lesquelles elle a pu observer quelles étaient les conséquences <strong>de</strong> lésions <strong>de</strong> ces<br />

régions sur le comportement social <strong>de</strong>s macaques. Les individus ayant subi <strong>de</strong>s<br />

atteintes dans ce circuit du cerveau social se mettent en retrait du groupe et ne<br />

participent plus à <strong>de</strong>s activités collectives telles que l’épouillage (Brothers, 1990).<br />

Comme pour les patients humains, les macaques ayant subi une <strong>de</strong>struction

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