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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Linguistique et Évolution<br />

209<br />

L’acquisition <strong>de</strong>s concepts<br />

Millikan (2000) distingue <strong>de</strong>ux activités différentes que l’on a tendance à<br />

confondre lorsque l’on traite <strong>de</strong> la catégorisation et <strong>de</strong> la conceptualisation :<br />

classifier et réi<strong>de</strong>ntifier. Ces <strong>de</strong>ux types d’activité correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>ux types<br />

<strong>de</strong> catégories, les premières ou classes qui peuvent être arbitraires, les secon<strong>de</strong>s<br />

ou substances 8 qui ne le sont pas.<br />

C’est aux substances que s’applique le plus souvent notre appareil conceptuel<br />

et les concepts correspondant peuvent être atomiques. Par contraste, les concepts<br />

<strong>de</strong> classes sont <strong>de</strong>s collections <strong>de</strong> traits (mais ne renvoient pas nécessairement<br />

à <strong>de</strong>s substances, ou si l’on préfère, à <strong>de</strong>s concepts d’espèces naturelles). On<br />

se rappellera <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue la nouvelle énigme <strong>de</strong> l’induction (Goodman,<br />

1984), où Goodman introduit le mot vleu, qui correspond au concept (classifiant)<br />

suivant : sont vleus tous les objets verts examinés avant une certaine date<br />

(e.g. le 24 mars 1960) et tous les objets bleus examinés après cette date. Ainsi,<br />

toutes les émerau<strong>de</strong>s examinées avant et tous les saphirs examinés après le<br />

24 mars 1960 tombent sous ce concept. Comme le fait remarquer Goodman,<br />

ce concept n’est pas projectible, parce qu’il est construit <strong>de</strong> manière arbitraire.<br />

La possibilité <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> tels concepts arbitraires n’existe que si on les crée<br />

par assemblage <strong>de</strong> traits et ne saurait concerner les concepts atomiques, par<br />

définition non compositionnels. On peut en déduire que les concepts atomiques<br />

sont projectibles.<br />

Les substances correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s individus (Jacques Chirac, la Tour Eiffel,<br />

ma chatte Ada), à <strong>de</strong>s espèces naturelles (les chats), à <strong>de</strong>s matières liqui<strong>de</strong>s ou<br />

soli<strong>de</strong>s (lait, sucre, marbre) ou à <strong>de</strong>s artefacts (les bâtiments). La caractéristique<br />

pertinente <strong>de</strong>s substances du point <strong>de</strong> vue cognitif est la relative stabilité<br />

<strong>de</strong> leurs propriétés (la forme pour les espèces naturelles et les artefacts, la<br />

consistance pour les matières) et, comme le remarque Millikan (2000, 2. Je<br />

traduis), « du point <strong>de</strong> vue d’un organisme qui cherche à apprendre, les sujets<br />

<strong>de</strong> connaissance les plus immédiatement utiles et accessibles sont les choses<br />

qui conservent leurs propriétés, et donc leur potentiel d’usage, au travers <strong>de</strong>s<br />

nombreuses rencontres qui en sont faites ». Cette distinction entre substances<br />

et classes a une autre conséquence cognitive : dans la mesure où un concept<br />

<strong>de</strong> substance n’est pas une collection <strong>de</strong> traits déterminant l’i<strong>de</strong>ntification<br />

d’un objet donné comme telle ou telle substance, on peut ajouter <strong>de</strong> nouvelles<br />

propriétés sans limite à l’ensemble d’informations concernant la substance en<br />

question, alors que, par contraste, la délimitation d’une classe se faisant sur<br />

la base <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> traits qui la définissent, l’ensemble <strong>de</strong>s informations<br />

la concernant est clos. Dans cette optique, les théories en termes <strong>de</strong> traits font<br />

indifféremment <strong>de</strong> tous les concepts <strong>de</strong>s concepts classifiants. Dès lors, la<br />

façon dont on peut rejeter un concept comme vleu (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, note 8) est<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

8. Le terme est directement emprunté par Millikan à Aristote (2004).

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