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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Linguistique et Évolution<br />

207<br />

précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>s préférences perceptives humaines : en effet, si les théories<br />

par trait se trouvaient vérifiées, on s’attendrait à ce que la préférence perceptive<br />

humaine aille au niveau local ; en revanche, si les théories atomistes se<br />

trouvaient vérifiées, on s’attendrait à ce que cette préférence se dirige vers le<br />

niveau global. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce lien entre les prédictions respectives <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

types <strong>de</strong> théorie et la préférence perceptuelle — dont on voit qu’elle tendrait à<br />

favoriser les théories atomistes —, il faut noter l’existence d’un certain nombre<br />

d’arguments empiriques contre les théories par traits :<br />

– l’argument <strong>de</strong> l’acquisition lexicale : étant donné que les théories par traits<br />

font d’un ensemble donné <strong>de</strong> traits la caractérisation (absolue ou probabiliste)<br />

du concept correspondant, il faut supposer que les concepts sont<br />

acquis dans un processus additif qui, en termes d’apprentissage, pourrait<br />

se décrire comme un processus inductif <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> confirmation<br />

d’hypothèses. Mais ceci suppose un processus long qui se base sur un<br />

grand nombre d’expériences : or, ce que montre l’acquisition lexicale chez<br />

les jeunes enfants, à l’inverse, c’est qu’un nouveau mot, correspondant<br />

à un nouvel objet – et donc à un nouveau concept –, est acquis le plus<br />

souvent à la suite d’une expérience unique (cf. Bloom 2000) ;<br />

– l’argument <strong>de</strong> la pathologie, en l’occurrence l’agnosie visuelle, où il<br />

y a – contrairement à ce que prévoient les théories par traits — une<br />

dissociation entre la reconnaissance <strong>de</strong>s traits perceptuels d’un objet et<br />

la reconnaissance <strong>de</strong> l’objet. En effet, on s’attendrait, si les objets sont<br />

catégorisés sur la base <strong>de</strong> leurs traits plutôt que <strong>de</strong> leur forme générale,<br />

à ce que l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> l’objet soit l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’objet.<br />

Or ce n’est pas le cas dans l’agnosie visuelle (Pylyshyn, 2003, 71. Je<br />

traduis) : « Bien que [le patient] ne puisse pas reconnaître un objet dans<br />

son intégralité, il pouvait reconnaître ses traits et pouvait décrire et même<br />

<strong>de</strong>ssiner l’objet <strong>de</strong> façon satisfaisante – que ce soit <strong>de</strong> visu ou <strong>de</strong> mémoire.<br />

Dans la mesure où il reconnaissait les traits qui le composaient, il pouvait<br />

souvent arriver à déterminer ce qu’était l’objet par un processus délibéré<br />

<strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> problèmes (…) [mais] pour ce patient, c’était un processus<br />

douloureusement lent ».<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

On remarquera que la capacité à inférer la catégorie à laquelle appartient un<br />

objet sur la base <strong>de</strong> ses traits ne s’inscrit pas en faux contre les théories atomistes :<br />

ce que les théories atomistes disent, en effet, c’est que la catégorisation ne se fait<br />

pas, normalement, sur la base <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification d’un certain nombre <strong>de</strong> traits<br />

dont on déduirait la catégorie et que, du même coup, les concepts ne sont pas<br />

<strong>de</strong>s collections <strong>de</strong> traits. Mais les théories atomistes ne nient pas le fait que l’on<br />

puisse accumuler <strong>de</strong>s informations sur les membres d’une catégorie donnée :<br />

elles se contentent <strong>de</strong> nier que ces informations soient, en quelque façon que<br />

ce soit, constitutives du concept. Enfin, le fait que les patients atteints d’agnosie<br />

visuelle développent <strong>de</strong>s stratégies alternatives d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’objet<br />

n’a rien d’étonnant : le développement <strong>de</strong> stratégies alternatives, lorsqu’elles

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