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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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236 Karim N’Diaye<br />

L’exemple <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s visages<br />

Le premier défi dans un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie social comme celui <strong>de</strong>s primates et<br />

<strong>de</strong>s humains en particulier, est bien entendu la capacité à i<strong>de</strong>ntifier individuellement<br />

ses congénères. Comme on l’a déjà mentionné, l’histoire évolutive<br />

<strong>de</strong>s primates est marquée par un développement <strong>de</strong> la perception visuelle<br />

diurne, avec en particulier une sensibilité accrue aux détails et aux couleurs.<br />

Il est probable que l’origine <strong>de</strong> cette tendance évolutive tienne à <strong>de</strong>s raisons<br />

écologiques impliquant le régime alimentaire qui a vraisemblablement favorisé<br />

l’émergence du trichromatisme (c’est-à-dire la présence <strong>de</strong> trois types <strong>de</strong><br />

cônes photorécepteurs dans la rétine qui permet <strong>de</strong> distinguer aussi bien le<br />

rouge, du vert que du bleu, ce dont d’autres mammifères sont incapables).<br />

En effet, pouvoir ainsi distinguer un fruit mûr d’un fruit vert est un avantage<br />

important pour un animal frugivore et, <strong>de</strong> fait, une évolution analogue est<br />

observée chez les oiseaux où certaines espèces sont même quadrichromatiques.<br />

Cette évolution <strong>de</strong> l’œil va <strong>de</strong> pair avec l’apparition dans le cerveau d’aires<br />

visuelles impliquées dans le traitement <strong>de</strong>s formes et <strong>de</strong>s couleurs. Au-<strong>de</strong>là<br />

d’une possible coévolution entre le système visuel et le régime alimentaire,<br />

on observe aussi une corrélation entre la taille du groupe social et le volume<br />

<strong>de</strong>s aires visuelles qui laisse penser que l’évolution du système visuel fut<br />

aussi, en partie, conditionnée par <strong>de</strong>s pressions évolutives <strong>de</strong> nature sociale<br />

(Barton, 1998).<br />

La reconnaissance visuelle <strong>de</strong>s individus et notamment <strong>de</strong>s visages est en<br />

effet une faculté particulièrement développée chez les primates et les régions<br />

cérébrales impliquées dans ce processus sont relativement bien connues grâces<br />

aux nombreux travaux effectués dans l’espèce humaine mais aussi chez le<br />

macaque et d’autres espèces. Ces étu<strong>de</strong>s ont montré l’existence, au sein du lobe<br />

occipital, <strong>de</strong> plusieurs dizaines d’aires fonctionnelles qui se différencient par<br />

leur rôle dans la perception <strong>de</strong>s contrastes, <strong>de</strong>s couleurs, du mouvement, du<br />

relief, etc. Dans la hiérarchie du traitement <strong>de</strong> l’information visuelle, l’analyse<br />

<strong>de</strong> ces objets particuliers que sont les visages implique plus spécifiquement<br />

une région <strong>de</strong> la partie ventrale du lobe temporal en continuité avec le lobe<br />

occipital, dite gyrus fusiforme, et plus spécialement en son sein, une région <strong>de</strong><br />

quelques centimètres-carrés i<strong>de</strong>ntifiée comme l’aire fusiforme <strong>de</strong>s visages (ou<br />

FFA, pour fusiform face area). En effet, <strong>de</strong> nombreux travaux en TEP puis IRMf<br />

ont montré que cette région était plus activée par la présentation d’un visage<br />

que par l’image <strong>de</strong> n’importe quel autre objet (Kanwisher, McDermott, & Chun,<br />

1997). De plus, le rôle causal <strong>de</strong> cette région dans la capacité à reconnaître les<br />

visages a été démontré par les cas <strong>de</strong> patients prosopagnosiques, c’est-à-dire<br />

ayant perdu leur capacité à reconnaître <strong>de</strong>s visages tout en ayant une vision<br />

parfaitement normale par ailleurs. L’étonnante sélectivité <strong>de</strong> cette atteinte<br />

reflète le haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> spécialisation nécessaire pour i<strong>de</strong>ntifier les traits qui<br />

donnent son caractère unique à un visage parmi les centaines <strong>de</strong> visages que<br />

l’on côtoie régulièrement.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong>

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